Déferlante raciste contre une ministre noire en Italie

Cécile Kyenge, d’origine congolaise et membre du nouveau gouvernement Letta, est la cible de parlementaires de droite. Une enquête est ouverte.


« Je ne suis pas de couleur, je suis noire, et je le répète avec fierté. » Cécile Kyenge, ministre de l’Intégration du nouveau gouvernement italien, a souhaité couper court à la polémique que sa nomination a suscitée dans la péninsule. Première ministre noire de la république transalpine, cette ophtalmologiste originaire de la République démocratique du Congo fait front depuis plusieurs jours à une avalanche d’insultes. « Guenon noire » et « zouloue » sont quelques exemples du florilège. « Le gouvernement Letta est un gouvernement bonga bonga », a déclaré Mario Borghezio, élu de la Ligue du Nord (en référence aux soirées « bunga bunga » de Silvio Berlusconi). « Nous sommes fiers d’avoir Cécile Kyenge dans notre gouvernement », ont aussitôt répondu le Premier ministre Enrico Letta et le ministre de l’Intérieur Angelino Alfano. « L’Italie n’est pas un pays raciste », a souligné la ministre-victime, « surprise et blessée » par ces injures.

Une autre image de l’immigration

Originaire d’Emilie-Romagne, mariée à un ingénieur et mère de deux filles, Cécile Kyenge est arrivée en Italie à l’âge de 18 ans et a obtenu la nationalité par le mariage. Sa nomination est un symbole pour une péninsule qui peine à prendre en compte ces Italiens venus d’ailleurs. En Italie, l’immigration est souvent présentée sous le prisme des étrangers exploités par la Mafia dans les champs d’orangers du sud du pays ou encore des communautés sikh qui travaillent à la production du grana padano (fromage) dans le Nord. L’actualité a été secouée par des faits divers sordides comme la chasse aux immigrés à Rosarno (Calabre) en 2010, ou encore celle « aux Sénégalais », organisée par un activiste d’extrême droite à Florence l’an dernier, faisant deux victimes. Sans compter les réguliers coups d’éclat qui agitent le « calcio » (football) transalpin. Comme lorsque (...) 
LeParisien.fr
Lundi 6 Mai 2013




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