DIAMNIADIO, PERSPECTIVES D’UNE COMMUNE DE TOUTES LES DISPARITES


DIAMNIADIO, PERSPECTIVES D’UNE COMMUNE DE TOUTES LES DISPARITES


Dans la Commune de Diamniadio les investissements massifs de l’Etat et les mutations foncières ont paradoxalement provoqué une psychose des esprits avertis, soucieux d’un déséquilibre démesuré de l’aménagement spatial, de futures bidonvilisation du site actuel (ghetto) et prolétarisation des populations locales.
Pour rappel, depuis 2000, après la 1ière alternance politique, le mot «Diamniadio» revient constamment au niveau des tenants du pouvoir comme un leitmotiv d’alternative à l’épineuse problématique de l’agglomération dakaroise. Le Président Abdoulaye Wade a érigé la zone en soubassement stratégique de ses projets phares avec le plus grand hôpital moderne pour enfants et la plate-forme millénaire adossé à l’AIBD . Ce projet faramineux, justificatif de la création d’une Agence nationale, était prévu sur une superficie de 2500 ha pour un investissement d’environ 500 milliards de FCFA qui devrait générer 45 000 emplois.                                                                            La célébrité de cette Commune, jadis liée à sa position de carrefour, a pris une envergure insoupçonnée à partir de 2012. En effet, le président Macky SALL, nouvellement élu, en a fait son cheval de bataille pour la réussite du Yonnu yokkute puis du Plan Sénégal Emergent avec une dizaine de projets futuristes précisés dans son discours du 4 novembre 2013. Ces projets ci-dessous s’inscrivent dans l’érection du pôle urbain de Diamniadio sur une superficie de 700 ha appelée «Germe de ville» : 
-    Un Centre International de Conférences (finalement baptisé Abdou Diouf);
-    La Production de 40 000 logements sociaux assortis d’infrastructures socio-économiques de base  
-    Un Marché d'Intérêt national pour les produits agricoles et d'élevage sur 24ha doté d’un parking pour plus de 500 véhicules gros porteurs et d’un hôtel ;
-    La deuxième université de Dakar d’une capacité de 30 000 places financée à hauteur de 65 milliards ;
-    La Cité du Savoir prévue pour des établissements de formation et les Services du Ministère de l’Enseignement Supérieur;
-    Une Station de l’autoroute et du train-express Dakar – AIBD;
-    La plate forme industrielle prévue sur 30 ha devant générer 23 000 emplois directs et indirects;
-    Un foirail de dimension nationale calé sur les normes occidentales.
Conformément au Décret n°2015-79 du 20/01/2015 portant les règles de gestion des terres du PUD, la nouvelle ville sera parcourue et ceinturée par une voirie urbaine haut de gamme de diverses emprises (70 m, 54 m, 40 m et 30 mètres). 
A côté de ces lourds investissements et des mutations foncières et infrastructurelles jamais connues au Sénégal, les réalités socio-économiques locales révèlent des conditions de vie misérables d’une population dans le dénuement absolu et sans l’espoir de bénéficier d’un profit substantiel des nouvelles opportunités dans le territoire communal. Actuellement la Commune de Diamniadio souffre gravement de divers maux dont aucune autorité locale ou nationale ne se soucie. Ces maux ont pour noms :
-    La gestion nébuleuse du foncier. Les litiges fonciers ont atteint un niveau jamais égalé à cause des dysfonctionnements dans l’attribution des parcelles (double voire triple emploi), des expropriations et disparition irrégulières de terres agricoles et de pâturages, etc. Cette triste réalité est bien visible aux environs du lycée de la Commune dont l’espace en partie vendu et construit par des particuliers, connait une interpénétration entre locaux de l’établissement et habitations privées (voir photos ci-dessous) ;
-    L’acuité des problèmes environnementaux qui se justifie, à priori, par l’absence d’un système d’assainissement adéquat. Le substrat de la Commune de Diamniadio est essentiellement composé du matériel argilo-limoneux. Pendant l’hivernage, l’absence de drainage des eaux de pluie, les flags d’eau, la forte réduction de la circulabilité (des personnes et des véhicules) sur le sol boueux et l’inexistence de dispositif municipal de collecte des ordures, plongent la population dans une souffrance indescriptible;
-    La faible couverture des besoins en eau potable et en électricité. Plus de 60% des ménages des quartiers comme Darou Salam sont dépourvus de ces besoins de base;
-    Infrastructures sociales de base insuffisantes et mal équipées (structures préscolaires presque inexistantes, établissements scolaires non clôturés, sans adduction d’eau ni électricité, structures de santé de proximité sous équipées avec un personnel insuffisant);
-    Aucune infrastructure sportive identifiée. Les jeunes s’entrainent sur un terrain traversé par des lignes électriques de Hautes tensions, du reste non praticable en période pluvieuse (boue);
-    Aucune route revêtue en dehors de celle qui mène au domicile du Maire ;
-    Insécurité notoire des populations face à des cas récurrents de vols et autres agressions ;
-    Sur le plan social, la récurrence des maladies endémiques (paludisme, tuberculose, …), la paupérisation de la population, le manque d’emploi et d’encadrement des jeunes et des femmes, la déperdition scolaire des plus jeunes souvent reconvertis en petits vendeurs, filles de ménage ou main-d’œuvre agricole, et l’ignorance des opportunités du pôle urbain de Diamniadio par la population constituent des préoccupations légitimes des diamniadiois.
                       Interpénétration des maisons et de l’espace scolaire
En définitive, devant cette dichotomie entre réalités sociales et aspirations politiques, la population de Diamniadio ne sait plus à quel Saint se vouer. Par conséquent, l’Autorité est interpelée dans le seul but d’éviter ultérieurement l’érection des  Diamniadiois en prolétaires miséreux dans leur propre espace communal. Quelle est la plus-value sociale des nouvelles infrastructures? Quelles sont les réelles perspectives d’épanouissement et de promotion sociale qui s’offrent à la population locale? Quelle est la place réservée aux jeunes de Diamniadio dans l’avènement de cette nouvelle ville ? Quelles sont les mesures prises par la Collectivité locale sur les autres disponibilités foncières pour assurer un meilleur lendemain aux enfants de Diamniadio ? Quelle est leur part dans l’attribution des 40 000 logements? 
Et pourtant, la contribution financière pour les assiettes foncières comprises entre 70 à 2500 m² arrêtée à 10 000 CFA/m², par le Décret n°2015-79 du 20/01/20, reste tout à fait accessible aux populations de la Commune. En plus, conformément aux Articles 2, 6 et 13 du Décret, l’implication de la Mairie est attendue pour informer et encadrer ses administrés devant être  privilégiés sur l’attribution des terrains. 
Il semble clair que cette nouvelle ville risque d’être une affaire hautement spéciale entre Etat – DGPU , Développeurs et promoteurs immobiliers et constructeurs individuels «bien» choisis pour la création d’une cité bourgeoise à coté d’un Ghetto rempli de femmes de ménage, d’ouvriers, de gardiens, etc. 
Les questions posées méritent une attention particulière des Diamniadiois qui se trouvent aujourd’hui à un tournant décisif de leur histoire devant laquelle ils seront tout aussi responsables que les autorités centrales et locales actuelles.

Mme Fatoumata Diallo DRAME et Dr Thierno NDOUR                     
Responsables politiques FSDBJ Section Communale de Diamniadio. 
Mme Fatoumata Diallo DRAME et Dr Thierno NDOUR Responsables politiques FSDBJ Diamniadio

 
Mardi 21 Avril 2015




1.Posté par Isacs le 21/04/2015 14:15
Merci Madame moi je voudrai que l'Etat effectue l'audit foncier de la commune et surtout du lotissement de Mbouncka Bambara moi je détiens des preuves de malversations très graves .



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