DIALOGUE NATIONAL DU 28 MAI : Des franges de la société civile dénoncent leur mise à l'écart

Zappés par le Président Macky Sall, lors du lancement du dialogue national, le Mouvement du 23 juin (M23), la Commission orientations et stratégies de ladite entité et le mouvement "Y en a marre", dénoncent leur mise à l'écart.


Ce n'est pas toute la société civile qui a pris part au dialogue national de samedi dernier au Palais. En effet, certaines de ses franges ont été snobées par le chef de l'État et ses collaborateurs. 
C'est le cas du Mouvement du 23 juin (M23) qui, pourtant, était disposé à participer aux concertations susmentionnées. « On était disposé à y aller, mais on n’a pas reçu d’invitation. On ne sait pas pourquoi. Avant le référendum, on a rencontré le Président, on a discuté avec lui, avec d’autres organisations de la société civile, et c’est au terme de cette audience qu’il nous a dit qu’il va ouvrir à tout le monde une concertation inclusive sur les lois organiques. Donc, on s’attendait à ce que toutes les organisations qui ont été reçues, ainsi que d’autres, soient impliquées dans le dialogue. S’il n’en est pas ainsi, nous, on ne sait pas pourquoi», lâche, au bout du fil, Mamadou Mbodj, coordinateur de ladite structure.
Avant de s'interroger : «Est-ce une mauvaise organisation ? Est-ce une omission ? Est-ce une non prise en compte du M23 ?».

Mamadou M'bodj du M23 : « On n’a pas reçu d’invitation, on ne sait pas pourquoi »

Toutefois, M. Mbodji bénit l’initiative du chef de l'État, Macky Sall, et encourage toutes les forces vives de la Nation à y participer, si elles sont conviées. «Nous, on a toujours dit qu’il faut des concertations. Nous pensons que la concertation et le dialogue doivent constituer le socle d’un système démocratique. Tout doit être négocié, concerté, dialogué, et c’est comme ça qu’on va trouver le meilleur chemin. Donc, si aujourd’hui, on nous appelle à un dialogue, on y va forcément et on encourage tout le monde à y aller, parce que c’est une question de principe. Nous, nous n’avons pas l’intention d’aller au pouvoir, mais nous avons l'obligation d’assurer un devoir critique. Donc, de ce point de vue, nous sommes prêts à dire ce que nous pensons », souligne le coordinateur du M23.
Le président de la Commission orientations et stratégies du Mouvement du 23 juin (Cos/M23) se veut plus virulent. «On n’a pas été convié, à l’image d'autres organisations de la société civile, d'organisation politiques et autres. On était très réticents à prendre part à cette rencontre, parce que nous avions estimé que le format était tout, sauf un dialogue national. On dirait que c’est un Président qui regardait ses sympathisants et ses souteneurs défiler devant lui. Les vraies intentions du Président Macky Sall et de ses alliés n’ont pas été dites. C’est une stratégie pour regrouper beaucoup d’organisations autour de lui pour aborder les futures joutes», assène Abdourahmane Sow.

Fadel Barro : «On ne construit pas une démocratie en  excluant certains citoyens»

Et de renchérir : « On voit les élections législatives se pointer. Et au sortir du référendum, il y a une lecture politique qui a été faite, et une sorte d’avertissement a été lancée au président de la République par une certaine frange très importante de la population sénégalaise. Donc, le Président a intérêt à redorer son blason pour prendre les assurances nécessaires pour bien aborder les élections législatives. On peut se retrouver avec le couplage des élections, on peut se retrouver avec la mise en place d’une grande Coalition. Donc, il y a toutes ces opportunités qui peuvent s’offrir à lui. » 
Quoi qu’il en soit, la Cos/M23, par la voix de son chef de file, dénonce «le manque de sérieux dans ce dialogue. »
« Mais, de toutes les manières, nous estimons qu’il n’y a rien de sérieux dans cela. Si réellement le président de la République était préoccupé par une dynamique d’ensemble et de discuter sur des questions vitales, il l'aurait fait depuis longtemps. En tout cas, on va bientôt réagir, parce qu’on avait fait une sortie pour dire qu’on ne voulait pas de bluff. C'est un simulacre de dialogue », conclut Abdourahmane Sow.
Même son de cloche du côté des «Y en a marristes» qui ont également été snobés par le Palais. « Ce que Macky Sall est en train de faire n'est pas sérieux. On ne construit pas une démocratie en excluant certains citoyens. Une démocratie se construit avec l’implication de tous », tonne Fadel Barro.

Khaliloulah N'diaye du Synpics : « Si on veut que le dialogue soit inclusif, on doit traiter tout le monde d’égale dignité»

Le porte-parole du mouvement «Y en a marre» soutient que les sujets de dialogue se trouvent ailleurs. «Nous proposons un travail national avec les enseignants, les médecins et toutes les couches socioprofessionnelles pour un développement inclusif», déclare clairement Fadel Barro. 
Bien qu'ayant pris part à la rencontre, Ibrahima Khaliloulah Ndiaye, Secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) est sorti frustré du Palais.
«Nous avons été conviés à ce dialogue, le jour même, à 11 heures, à quelques heures du démarrage du dialogue national. Je me suis démené pour venir à Dakar, parce que j’étais à Mbour pour un séminaire. Nous sommes venus à l’heure indiquée, et nous y étions jusqu’à la fin, vers les coups de 1 heure du matin. Nous avons été très surpris de voir que la parole était donnée à qui on voulait et on a ignoré un démembrement important, le vecteur qui doit être celui du dialogue national, à savoir les médias, la presse dans son ensemble », indique-t-il.
Et d’ajouter : « Je pense que la meilleure chose, c’était de profiter de ces moments pour donner la parole à la presse qui est incontournable. Et qui, je le rappelle, est le vecteur par lequel doit se faire le dialogue. »
Selon lui, « il faut rendre à César ce qui appartient à César. Autrement, si on veut que le dialogue soit inclusif, on doit pouvoir traiter tout le monde sur le même pied d'égalité. On a donné la parole à des gens qui ne sont pas plus représentatifs que nous », soutient Ibrahima Khaliloulah Ndiaye, qui s'exprimait sur la Rfm.
Mardi 31 Mai 2016




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