Crash du MH 17 : un chef séparatiste reconnaît que les rebelles avaient des missiles Buk


Crash du MH 17 : un chef séparatiste reconnaît que les rebelles avaient des missiles Buk
Pour la première fois depuis le crash du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, jeudi 17 juillet, l'un des chefs militaires des séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine a esquissé une potentielle responsabilité de ses troupes dans le tir du missile sol-air qui a atteint le vol MH 17. 
 
Le commandant du « bataillon Vostok », Alexandre Khodakovski, a reconnu mercredi 23 juillet lors d'un entretien avec l'agence de presse Reuters, que les rebelles possédaient des missiles antiaériens « Buk » de fabrication russe, du type de celui qui est soupçonné d'avoir détruit l'avion en plein vol, causant la mort de 298 personnes. Lors de cette interview, M. Khodakovski admet avoir entendu parler d'une batterie de missiles envoyée sur cette zone depuis un autre fief des séparatistes, Louhansk :
 
« Je savais qu'un Buk était venu de Louhansk. On m'avait alors dit que ce Buk était envoyé par la 'République populaire de Louhansk'. J'étais au courant de la présence de cette batterie de Buk. On m'en avait parlé. Je pense qu'elle a ensuite été renvoyée là d'où elle venait (...) afin d'effacer les preuves de sa présence. »
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Le chef séparatiste n'exclut pas, en outre, que le missile qui a atteint l'avion de ligne soit venu de Russie : « L'Ukraine a été informée que les volontaires possédaient cette technologie grâce à la Russie. » Il a précisé que les séparatistes avaient pris ces derniers mois des missiles de ce type aux forces gouvernementales – au moins quatre – mais qu'aucun n'était opérationnel.
« Je ne dis pas que la Russie a donné [aux rebelles] un tel missile mais si on m'en avait proposé un, j'aurais accepté. Mais je ne l'aurais pas utilisé contre une cible inoffensive, je l'aurais tiré uniquement pour protéger des vies en cas d'attaque aérienne. »
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Alexandre Khodakovski se démarque ainsi clairement de la ligne des insurgés prorusses, qui affirmaient jusque-là ne jamais avoir détenu de tels missiles sol-air. Le leader contredit ainsi les affirmations des dirigeants de la « République autoproclamée de Donetsk », notamment celles d'Igor Strelkov, le « ministre de la défense » à qui il dispute depuis le début du conflit dans l'est de l'Ukraine le leadership militaire du mouvement séparatiste.
 
Jeudi 23 juillet, Alexander Borodai, premier ministre de la « République autoproclamée de Donetsk » a réaffirmé que les séparatistes ne possédaient pas ce type d'arme lors d'un entretien avec la BBC :
 
« Non, nous n'avions pas de 'Buk'. Il n'y en avait pas dans la zone. »
« L'UKRAINE A TOUT FAIT POUR »
 
Malgré ces aveux à mots couverts, Alexandre Khodakovski a cependant une nouvelle fois souligné la responsabilité de Kiev dans l'attaque. Selon lui, les forces gouvernementales ukrainiennes, en multipliant sciemment les opérations aériennes jeudi dernier dans ce secteur, ont tout fait pour que la défense antiaérienne des insurgés entre en action.
 
« Non seulement les Ukrainiens n'ont rien fait pour assurer la sécurité dans la zone mais ils ont provoqué l'utilisation de ce type d'arme contre un avion civil qui la survolait. »
« Ce jour-là, ils multipliaient les vols et, juste au moment du tir, au moment où l'avion civil passait au-dessus, ils ont lancé des attaques aériennes. S'il y avait bien un Buk, et si ce Buk a été utilisé, l'Ukraine a tout fait pour qu'un appareil civil soit descendu... » 

Le Monde
Jeudi 24 Juillet 2014




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