Corinne Dreyfus Schmidt, avocate de Bourgi : « On est prêt à laisser mourir mon client pour condamner Karim Wade ! »

Bibo Bourgi, considéré comme l’un des présumés complices de Karim Wade, actuellement jugé pour enrichissement illicite, devra se présenter lundi 1er septembre à la reprise de l’audience du fils de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade. Pourtant, son avocate Corinne Dreyfus Schmidt réclame depuis le début du procès que son client, "mourant", selon ses termes, soit autorisé à aller se soigner en France et à ne pas se présenter aux audiences. Corinne Dreyfus Schmidt, qui est aussi présidente de l’association des avocats pénalistes de France, s’est confiée à Afrik.com.

Depuis le début du procès de Karim Wade, fils de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, son nom est sans cesse cité. Il faut dire qu’Abou Khalil, son vrai nom, dit aussi Bibo Bourgi fait l’objet de toutes les attentions. L’homme très malade peut à peine marcher et se déplace à l’aide d’un fauteuil roulant. Il est accusé d’être un présumé complice de Karim Wade, inculpé d’enrichissement illicite. Mardi, juste avant la suspension de l’audience, son avocate Corinne Dreyfus Schmidt est allée directement voir le président de la Cour, Grégoire Diop pour lui demander si son client Bibo Bourgi devra se présenter ou non à la reprise de l’audience lundi. Ce dernier a exigé qu’il soit présent malgré le fait que des experts envoyés par la CREI aient confirmé que son état de santé ne lui permettrait pas de se présenter aux audiences. Une décision qui a mis en rogne le conseil de ce dernier, qui tentait de résonner la Cour, agaçant le président Grégoire Diop. « Nous ne sommes pas liés par cette expertise, maître. Ces experts donnent leur opinion, mais c’est nous qui prenons la décision finale! », lui rétorque le président de la Cour, avant de suspendre l’audience, sous le regard médusé de l’avocate.


Corinne Dreyfus Schmidt, avocate de Bourgi : « On est prêt à laisser mourir mon client pour condamner Karim Wade ! »
 Comment interprétez-vous la décision du juge Grégoire Diop qui a exigé que votre client se présente aux audiences ?
Corinne Dreyfus Schmidt : Cette décision est choquante ! Comment peut-on obliger un homme "mourant" à venir se présenter aux audiences? D’autant que la CREI a envoyé ses propres experts pour vérifier si son état de santé lui permettait oui ou non de se présenter. Ces experts, au nombre de quatre, ont confirmé que l’état de santé de mon client ne lui permettait pas de se présenter aux audiences. Mais la CREI refuse de s’en tenir à leur avis. C’est une grave violation des droits de mon client.

Les juges de la CREI craignent sans doute que votre client trouve un moyen d’échapper au procès en allant se soigner en France...
 Mon client s’est engagé à revenir dès qu’il se sera soigné en France pour s’expliquer devant les juges et montrer qu’il n’a rien à voir dans cette histoire. Je rappelle que ces experts ont confirmé que son pronostic vital était engagé et qu’il doit impérativement se rendre en France pour se soigner. C’est quand même incroyable que la CREI ait fait le contre-pied à ses propres experts ! On veut tellement condamner Karim Wade, qu’on est prêt à laisser mourir un homme !

Depuis le début de ce procès vous critiquez la CREI que vous accusez de ne pas respecter les droits de la défense. Que lui reprochez-vous concrètement ?
Les droits de la défense sont totalement bafoués depuis le début de ce procès. Il y a un ensemble de manquements qui ne sont pas respectés, dont la présomption d’innocence. De plus, tous nos recours ont été rejetés. Depuis le début de ce procès, nous n’avons pas eu le droit de faire des recours, on nous les a refusés systématiquement. C’est une violation des droits de la défense. C’est inacceptable ! Et aussi bien l’enquête que les actes de commission d’enquête n’ont pu être contestés. On n'a également pu faire aucune observation. Ce sont des dysfonctionnements énormes! 

Vous avez toujours clamé l’innocence de votre client. Mais comment s’est-il retrouvé mêlé à cette affaire ?
Mon client qui était à la tête d’une grosse société qu’il a fondée est un ami de Karim Wade. On l’a dépouillé de sa société et accusé de complicité, tout ça parce qu’il est ami avec Karim Wade. Voilà comment on l’a mêlé à cette affaire pour tenter de fabriquer un dossier qui tienne la route contre Karim Wade.

Que lui reproche-t-on exactement ?
Etant l’ami de Karim Wade, on considère que sa société appartient à Karim Wade. Alors que c’est totalement faux. On a alors dépouillé mon client de sa société et puis on a mis en place un administrateur qui n’a aucune compétence pour la gérer. Ce procès est purement politique. Tout le monde le sait...
Samedi 30 Août 2014




1.Posté par Tullius Detritus le 30/08/2014 11:00
Maître Corinne Dreyfus Schmidt fait son job : elle défend Bibo. Dans la nasse où son client est enfermé aujourd'hui, ça tourne à la mission impossible !

Dès qu'il s'est formé (à la faveur de l'élection présidentielle de 2000), le couple infernal Bibo-Karim s'est lancé dans les affaires. Au début, c'était mignon et du ressort d'une magouille très "locale", à l'initiative de Bibo qui connaissait bien la société sénégalaise dans laquelle il évoluait. Le "Petit Toubab" débarqué de France était très attentif, ravi de l'aubaine.

Avec le projet de l'ANOCI, la machine Karim s'est emballée et ne semblait plus avoir de limite !

De sociétés de droit local aux multiples prête-nom, on est passé aux sociétés off-shore totalement opaques par définition.

Aujourd'hui, Karim attend sagement à Rebeuss que les choses se tassent pendant que ses affaires continuent de prospérer à l'extérieur.

Quant à Bibo, dont on peut croire qu'il est réellement en mauvaise forme (il a fait son premier infarctus avant quarante ans), il est surtout soumis à une pression extrême de la part des avocats de Karim. Ils n'ont en effet qu'une seule hantise : que de guerre lasse Bibo se mette à table et qu'il ne déballe ce qu'il sait du montage des affaires de leur client.

Bibo fait penser à l'arroseur arrosé, victime de sa proximité avec Karim. Bref, une des victimes de Karim dans sa course effrénée à l'argent. On en connaît d'autres…

Bonne chance, Maître.



Dans la même rubrique :