Contribution au débat sur le cumul des mandats et sur l’élection du maire au suffrage universel direct


Contribution au débat sur le cumul des mandats et sur l’élection du maire au suffrage universel direct
Le débat à propos du cumul des mandats se pose avec acuité dans le landerneau politique de notre pays. Depuis l’annonce du projet de loi portant sa suppression, d’aucuns mus par des intérêts conservatistes, et d’autres motivés par des positions différentes, s’épanchent à qui mieux –mieux, par presse interposée sur la question. Mais tout compte fait, il reste évident que les pathologies qui ont conduit à cette nécessité de suppression, enflent et se posent présentement avec prégnance.

Cette pratique qui donne lieu à ce débat opposant les arguments les plus divers en faveur de son maintien, de son aménagement ou de sa suppression pure et simple. En vérité , la rupture qui doit être une volonté politique qui met en œuvre des méthodes pratiques et des considérations de principe, doit prendre le dessus sur les préoccupations politiciennes .

Le cumul qui consiste pour un homme ou une femme politique à exercer simultanément plusieurs emplois ou fonctions et recevoir plusieurs traitements, demande un important travail et de multiples efforts qui sont difficiles à honorer. La plupart du temps, ce sont les fonctions nominatives nationales qui prennent le pas sur les fonctions électives locales, compte tenu des enjeux qui en découlent. Des ministres, présidents de conseil d’administration ou directeurs nationaux porteurs de mandats électifs, utilisent souvent les collectivités locales pour se faire ou pour consolider une base, en s’appuyant sur les moyens de l’état. En réalité, ils se concentrent sur la fonction étatique au détriment de l’autre , locale pour laquelle ,ils ne font que semblant d’agir.

Au Sénégal les hommes politiques s’appuient sur une notoriété sociale très souvent conquise à coups d’espèces sonnantes et trébuchantes pour obtenir et conforter une notabilité politique car en général , c’est la base qui fait l’homme politique .Cela incite parfois à la pratique du cumul qui constitue en réalité une gangrène à la vie politique, une pratique néfaste à tout point de vue sous cette forme.

La logique de cumul procure aux élus qui en bénéficient, un ensemble de ressources renforçant leur capital politique et qui permet d’obtenir un meilleur statut social, garanti par une accumulation de rémunérations matérielles et d’avantages symboliques .IL permet de maîtriser le marché politique. Nous avons vu ces dernier temps des ministres, présidents de conseil rural et même conseillers régionaux à la place d’autres qui sont à même d’assurer positivement ces fonctions dans ces collectivités. C’est seulement cette quête effrénée de notoriété qui explique cet entêtement à figurer partout. Les ministres -maires -conseillers régionaux appartiennent à cette même catégorie.

Pourtant, la consolidation et l’accélération de la démocratie renforcent effectivement les pouvoirs des élus et particulièrement de leur exécutif local .Cela constitue encore une fois, une preuve suffisante de la non justification du cumul par ceux- là. D’aucuns tentent même de soutenir les relations et l’entregent pour évoquer la nécessité du cumul .Mais en réalité le seul dessein inavoué est d’élargir leur parcelle de pouvoirs et de moyens pour leur aura personnel, en vue d’exercer une domination sur les autres. Le pouvoir agit comme une drogue :plus on y goûte ,plus on en demande au point qu’on ne peut plus s’en passer . C ‘est ce qui fait qu’ils finissent par confondre leur existence avec leurs fonctions. Ces cumulards perdent de vue que même sans figurer sur les listes des conseillers, ils ont l’obligation par le biais de leur position privilégiée, de s’investir sans être aux avant-postes de leurs collectivités .A défaut de ne pouvoir être au four et moulin ,ils se déchargent sur des adjoints à qui ils n’accordent aucune attribution . Face à ce cocktail de dysfonctionnement mis à nu ,il ya lieu d’apporter les correctifs nécessaires pour arrêter ce cirque .Pour ce faire, il s’agit de professionnaliser les maires et présidents de collectivités en les dotant de formations pointues pour leur permettre de travailler à plein temps et non par intermittence , pour le bien –être des populations .

Par contre, il importe d’être prudent dans la démarche en se rendant compte que tous les cumuls ne sont mauvais. En effet un député qui n’est lié par aucune contrainte nationale, peut bien exercer les fonctions d’exécutif local. Il dispose d’assez de temps à consacrer à sa localité, en étant libre de toute autre obligation qui le retient ailleurs. Le député joue certes un rôle de représentation nationale pour faire un travail législatif mais, il est à noter également son rôle non moins important d’écoute de ses concitoyens. Une partie de son travail se fait dans sa circonscription par des interventions, à propos des multiples problèmes et questions de développement économique, social et culturel, rencontrés dans sa localité. C’est ainsi qu’il doit aller à la rencontre des populations, les écouter et prendre en charge leurs problèmes. En cela, il peut bien jouer le rôle d’exécutif local. Cependant, le député battu dans sa circonscription électorale lors des élections législatives ne doit même pas , par décence être candidat , à quelle que station d’exécutif local que ce soit.

Pour prendre correctement en charge la question, il convient simplement de modifier la loi qui a permis au ministre, directeur général de sociétés à participation publique majoritaire et au président de conseil d’administration d’être maire ou président de conseil régional ou rural.

D’autre part, il est question de beaucoup faire attention à la question de l’élection du maire au suffrage universel direct. Dans ce cas, il est certes élu directement par les populations sans le jeu des chantages et surenchères connus, mais cela peut bien le doper et le placer sur un piédestal qui fait de lui un monarque qui plane au-dessus de son conseil municipal .Il peut également se prévaloir d’une légitimité qui pourrait être source de dérives caractérielles, de tensions et de blocages au sein de la collectivité.

Pape Ndiaye conseiller Municipal

Membre APR Bambey
Lundi 27 Mai 2013




1.Posté par Deugg gui le 27/05/2013 17:09
Au Sénégal, il y a qu'on aime la littérature alors que le problème posé est bien plus simple : être agent de l'Etat doit être exclusif de tout autre fonction, emploi, activité lucrative ou non... Les fonctionnaires qui sont, par excellence, les travailleurs de l'Etat et tous les autres serviteurs de l'Etat doivent êre assujetis à cette règle que Mamadou Dia avait passée dans l'arsenal réglementaire régissant l'Aministration publique. Des Youssou Ndour et autres Latif se sont déchargées des responsabilités au niveau de leur entreprise pour éviter d'être en situation de conflits d'intérêts dès qu'ils ont été mis en responsablité. Encore que....

Quand on a dit ça il s'agira de voir maintenant s'il est pertinent d'étendre la règle aux adminitrations locales, aux fonctions électives locales. Youssou Ndour aurait-il pu être élu maire de Médina ou Latif de Sokone tout rn conservant la direction de leur société respective? That is the question?



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