Contribution : " JUGES POLITIQUES "


Contribution : " JUGES POLITIQUES "
La France est vérolée depuis les années de plomb par la magistrature politique. Un tiers de ses juges sont peu ou prou de gauche et connus pour leurs accointances avec les régimes socialistes. Depuis 1968-le millésime des ravages-ils se sont agrégés en association : le Syndicat de la Magistrature. « SM », initiales qui permettraient à elles seules, à une plume intempérante, quelques gloses…
Le Sénégal a été contaminé par ce mal de France. La plupart de ses magistrats ont contracté avec le pouvoir politique des noces barbares, une étreinte délétère. En conséquence de quoi, des procès staliniens sont intentés à l’encontre d’opposants politiques par des juges à la botte du pouvoir.

Telle l’affaire Khalifa Sall

En fait, judiciairement, il n’y a pas d’affaire ou il ne devrait pas y en avoir. Le ressort du scandale est purement politique. Politique même l’intervention des magistrats de l’ordre judiciaire qui n’enquêtent guère qu’à charge et ne font, comme si souvent les juges, que de régler, sous prétexte de justice, des comptes à l’ennemi politique. Et le rejet, par la Cour suprême, de la demande de mise en liberté provisoire de Khalifa Sall en est la parfaite illustration.
Khalifa Sall est sénégalais, maire de Dakar depuis 2009. Il est marié, père de dix enfants et réside à son domicile situé dans la capitale. Khalifa Sall offre donc toutes les garanties de représentation en justice. Personne n’imagine, peut-être en délire d’imagination, que Khalifa Sall, une fois libéré, puisse se soustraire à la justice. Sa mise en liberté ne saurait faire obstacle à l’instruction. Guère davantage ne saurait-elle provoquer un trouble à l’ordre public.
Est-il besoin de rappeler que Khalifa Sall bénéficie de la présomption d’innocence qui, comme chacun le sait, supplante la présomption de culpabilité en l’absence de toute condamnation par le juge.
Une justice soucieuse de sa crédibilité aurait donc fait droit à sa requête de mise en liberté provisoire. Mais c’était compter sans nos juges, acoquinés au pouvoir, et qui violent le principe d’impartialité dont ils se drapent en s’en prenant à un opposant politique à qui ils entendent intimer le silence.
La justice est un idéal par nécessité ; ceux qui la servent sont donc révérés par cohérence.
J’ai toujours eu une très haute opinion de la magistrature de mon pays. Et toujours placé ses membres au plus haut. Désintéressés, fins lettrés, libérés des tentations ordinaires, ayant réglé leurs comptes intérieurs, apaisés. Ils ne seraient en proie à aucun désir commun, ni agités par le moindre tourment. Ils n’ont qu’une ambition qui est exigence : réaliser la délicate convergence entre l’équité et le droit. Rendre la justice, en un mot.

Ainsi, je veux les voir et les vois. Le regard est toujours un exercice de volonté.
Mais depuis que, par un hasard funeste, j’ai eu connaissance de l’affaire Khalifa Sall, mon regard s’est dessillé. Ethéré dans mon imaginaire, le juge sénégalais m’a paru vulgaire dans sa réalité. Partial et partisan, le juge le cède au militant politique. De l’Apr, de surcroît. Il en adopte le sabir et les mauvaises manières.

Juge mais aussi partie, ses décisions sont nécessairement adultérées par la passion politique qui l’anime.
Les passions obscurcissent l’entendement et déroutent la pensée. Toujours, elles avilissent l’esprit. La plus corruptrice d’entre elles, pour un juge, est la passion politique. Elle n’est que conviction. L’intelligence à l’arrêt. Contre l’interrogation, le scrupule et le doute ; contre le mouvement, la conviction est l’idée soudainement…fixe.
Ainsi, un juge politique ne traitera pas des dossiers, mais réglera des comptes. Ne cherchera pas la vérité, mais pourchassera l’ennemi de classe. Ne servira pas la justice mais, militant, principalement sa cause.

A cet égard, mais à cet égard seulement, les juges du Sénégal sont exemplaires.
Ce qui, dans le maintien en détention de Khalifa Sall, est plus remarquable encore, c’est la modération des réactions au constat d’une forfaiture avérée. Certes, l’opposition a fait part de son indignation. Certes encore, quelques membres de la société civile ont hurlé leur réprobation.
Mais au-delà : rien.
Les grandes consciences morales sont restées muettes et les journalistes, ces indignés sélectifs, cois.
Et pourtant…Le pouvoir judiciaire est le seul pouvoir noble de la Cité. Le seul qui participe de l’idéal et vise haut.

La légitimité d’un magistrat tient peu à son élection ou nomination. Elle doit tout à son indépendance qui lui intime de résister aux assauts des autres pouvoirs, et à son impartialité qui exige de lui qu’il ait su tordre le col à sa sensibilité politique et qu’il s’épure de toute passion.
Voilà bientôt six mois que Khalifa Sall est arbitrairement détenu dans les geôles glauques de Rebeuss. Une éternité… Puisse-t-il, dans son épreuve, trouver réconfort dans cette célèbre phrase de l’auteur de Cyrano de Bergerac. A qui lui demandait ce qu’était le panache, le dernier mot de la pièce, Edmond Rostand de répondre : « L’honneur d’être une cible ».
                                                                              EL HADJI MALICK SALL ELIMANE DONAYE
                                                                              milksup@yahoo.fr
 
Mercredi 26 Juillet 2017
Dakar actu




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