Condamné à 10 ans de travaux forcés : Le «marabout» a été arrêté avec 3,5 kilos de chanvre indien

15 ans de travaux forcés, c’est la peine qui a été infligée à Abdourahmane Ba. Ce dernier, se faisant passer pour un marabout, vendait de la drogue à ses «disciples».


Condamné à 10 ans de travaux forcés : Le «marabout» a été arrêté avec 3,5 kilos de chanvre indien
Abdourahmane Ba est un marabout pas comme les autres. Il ne formulait pas des prières pour ses disciples, mais il leur vendait, plutôt, du chanvre indien. Et, pendant très longtemps, il exerçait cette activité illicite, se faisant passer toujours pour un marabout.
Il a été mis aux arrêts après que la police a fait une descente musclée chez lui. Les faits renseignent que le 26 octobre 2008, les éléments de la police de Diamaguène procédaient à une opération de sécurisation.
Ils ont ainsi interpellé Ibrahima Dione et Baba Guèye. Lesquels étaient en train de fumer du chanvre indien. Pis, ils détenaient par devers eux, des cornets de chanvre indien. Conduits à la police et pressés de questions, ils ont lâché le nom d’Abdourahmane Ba en le dépeignant comme étant le fournisseur leur fournisseur. Munis de ses informations, les policiers ont fait une descente chez l’accusé. Ils ne l’y trouveront pas. Mais, les limiers vont découvrir, dans la chambre de la seconde épouse de l’accusé, 5 téléphones portables, 3,5 kilogrammes de chanvre indien et un papier attestant la date d’une peine de 2 ans de prison ferme qui a été infligée, en 1998, au «marabout» pour trafic de chanvre indien.
Sur ces entrefaites, les policiers ont arrêté les deux épouses de l’accusé en l’occurrence Rouguiyatou Ba et Salimata Diallo ainsi que le frère de ce dernier Tidiane Ba.
Interrogée, la première épouse du "marabout" a fait savoir qu'elle ignorait que son mari vendait de la drogue. A l’en croire, elle a toujours cru qu’il était un marabout qui recevait d’honnêtes citoyens.
Après que les enquêteurs ont eu la certitude qu’elle n’est en rien mêlée dans cette affaire, Rouguiyatou a été libérée en cours d’enquête. Idem pour le frère de l’accusé. C’est la deuxième épouse, Salimata Diallo, qui a été inculpée après qu’elle a avoué avoir pris connaissance des activités de son mari. Elle a reconnu que la drogue appartenait à son époux. Elle a été placée sous mandat de dépôt.
Pendant tout ce temps, le cerveau de cette affaire, Abdourahmane Ba, avait disparu dans la nature. Il ne faisait plus signe de vie alors que sa seconde épouse vivait le calvaire en prison. En effet, c’est deux ans après les faits, c’est-à-dire en 2010, que l’accusé a été arrêté. Il a versé dans des dénégations systématiques en niant les faits qui lui sont imputés. Il était même allé jusqu’à enfoncer sa seconde épouse en déclarant que le sachet qui contenait les 3,5 kilos de chanvre appartenait à cette dernière. Malgré cela, il a été condamné, en première instance, à une peine de 10 ans de travaux forcés. Sa seconde épouse a été acquittée.
Très remontée contre son époux qui l’avait mise dans cette galère, elle a quitté le domicile conjugal. Cependant, lors de sa comparution, hier, à la barre de la Chambre criminelle d’appel, l’accusé a changé de fusil d’épaule. Il a décidé de dire la vérité en reconnaissant les faits qu’il a toujours niés. «J’ai décidé de dire la vérité parce que depuis mon incarcération, ma famille s’est disloquée. Mon frère est mort dans la mer méditerranéenne en voulant rejoindre l’Europe. Ma mère est morte de chagrin. Mes épouses ont quitté le domicile conjugal, mes enfants ont abandonné les études», renseigne-t-il, en pleurs.
En wolof, il demande la clémence de la Chambre pour rejoindre les siens. «Je quitterai Dakar et rentrerai définitivement à mon Louga natal. Si on me libère, je ne remettrai plus jamais les pieds dans la capitale sénégalaise. Je veux m’en aller et ne plus revenir à Dakar. Je n’y ai connu que la misère», regrette le mis en cause qui a encore fondu en larmes. A l’en croire, il vendait de la drogue pour subvenir aux besoins de sa famille. Mais, il jure sur le Saint Coran de ne plus toucher la drogue encore moins s’adonner à sa vente.
L’avocat de la défense a plaidé la clémence, là où le maitre des poursuites a requis la confirmation de la peine. Finalement, c’est l’avocat général qui aura gain de cause. D’autant que le «marabout», en prison depuis 2010, va encore passer quatre années sous les écrous avant d’humer l’air de la liberté.
Mardi 26 Juillet 2016




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