Comment peut-on guérir d'Ebola ?


Comment peut-on guérir d'Ebola ?
Kent Brantly et Nancy Writebol, deux humanitaires américains rapatriés aux Etats-Unis après avoir contracté le virus Ebola, sont sortis guéris de l'hôpital d'Atlanta, jeudi 21 août. Ils y avaient reçu un traitement expérimental autorisé par l'Organisation mondiale de la santé, baptisé « ZMapp ».
Ce traitement, qui n'avait auparavant été testé que sur huit macaques, a été également livré au Liberia, pays particulièrement touché par l'épidémie, mais ses stocks sont désormais épuisés.
 
Quel est le traitement général de la maladie ?
Pour la majorité des malades pris en charge, l'équipe médicale tente de lutter contre les symptômes de la fièvre hémorragique. En s'attaquant à la fièvre et à la diarrhée et en réhydratant le patient, notamment par le biais de transfusions sanguines, l'organisme du patient est en mesure de développer une réponse immunitaire.
 
« Le traitement des symptômes est le seul qu'on maîtrise, et qui ne produit pas d'effet secondaire », analyse Sylvain Baize, directeur du centre national de référence des fièvres hémorragiques de l'Institut Pasteur.
 
Mais, malgré ces soins, la maladie reste mortelle. Pour l'épidémie actuelle qui ravage l'Afrique de l'Ouest, une personne contaminée sur deux meurt. En moyenne, le taux de létalité de la fièvre Ebola varie entre 25 % et 90 %, en fonction notamment de la prise en charge des malades, mais également de la souche du virus. Si l'épidémie actuelle est provoquée par la souche « Zaïre », il en existe cinq différentes, qui ont un taux de mortalité plus ou moins important.
 
Qu'est-ce que le ZMapp ? A-t-il permis de sauver des patients ?
Si de nombreuses recherches visent actuellement l'élaboration de traitements contre le virus Ebola, tous sont encore en phase d'expérimentation. Le ZMapp est le seul à avoir été autorisé par l'Organisation mondiale de la santé à titre expérimental, bien que tous ses tests cliniques n'aient pas encore été effectués.
 
Lire notre décryptage : Ebola, les pistes de recherche de traitements et de vaccins
 
« Est-ce que le ZMapp fonctionne ? Nous ne le savons pas », confesse sur son site le laboratoire Mapp, à l'origine du traitement. Si la recherche se poursuit, l'utilisation du traitement pour soigner les personnes déjà touchées ne constitue pas un test clinique satisfaisant. En effet, rien ne permet de savoir si les personnes ont guéri en raison du traitement ou grâce aux autres soins prodigués. « Les essais cliniques ne se font pas sur deux patients. Et il s'agit ici plus d'un acharnement thérapeutique que d'un essai clinique validé », poursuit M. Baize.
 
Le Liberia a reçu également des doses de sérum, qu'il a notamment injecté à deux de ses médecins. Mais en les offrant au pays, le laboratoire Mapp a vidé l'intégralité de son stock disponible, car cette production était jusque-là réservée aux test cliniques sur les animaux. Le processus industriel et biologique permettant de produire de nouvelles molécules prend du temps.
 
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La transfusion de sang de patients guéris fonctionne-t-elle ?
Le Dr Kent Brantly, l'un des deux patients américains, avait également reçu le sang d'un adolescent de 14 ans qui avait survécu à la fièvre. L'idée d'un tel traitement, essayé depuis les premières apparitions du virus, en 1976, est de faire bénéficier le malade des anticorps produits par le survivant.
 
Maix ce choix d'en faire bénéficier le médecin américain surprend cependant l'expert en maladies infectieuses, car « les résultats ont toujours été controversés ». « Le virus Ebola n'induit pas de nombreux anticorps neutralisants », ajoute Sylvain Baize, c'est-à-dire que les anticorps, s'ils permettent d'éradiquer le virus, ne le neutralisent pas complètement.
 
Peut-on être contaminé deux fois par le virus Ebola ?
« On n'a jamais eu à décrire des cas de survivants à la fièvre Ebola remis en contact avec le virus. Mais d'après ce que l'on sait, quelqu'un qui a survécu à une première infection est protégé de la seconde », explique M. Baize. « L'organisme produit des anticorps pendant très longtemps, il est donc protégé du même type de virus. » Le malade n'a donc qu'un très faible risque d'être à nouveau touché par le virus Ebola, pour autant qu'il s'agisse de la même souche.
 
En effet, il existe plusieurs souches du virus, responsable des différentes épidémies depuis 1976. Celui qui touche les pays du golfe de Guinée actuellement est de souche « Zaïre », et les survivants ne seraient protégés que de celle-ci.

Le Monde

Tout savoir sur le virus Ebola par lemondefr
Samedi 23 Août 2014




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