Colère post-« remaniement-ale » : Les frustrés sont-ils en alliance avec Macky Sall pour la République ?


C’est l’une des tares que le nouveau régime a héritées de l’ancien, comme dans une sorte de dialectique hégélienne mal assimilée, où les ruptures se confondent parmi les permanences : les lendemains de remaniement ministériel sont rituellement marqués par des scènes de frustration qui déteignent sur le prestige de la fonction occupée et sur la respectabilité de celui qui l’a quittée de si triste manière. 
On en n’oublie, pour paraphraser l’autre, qu’un poste de ministre « est une créature constitutionnelle à incarnation humaine variable ». Tout Sénégalais qui remplit les compétences sociales, morales et techniques propres à servir la Nation, peut naturellement siéger en Conseil des ministres.   Malheureusement des gens atteints, en cinq ans, par l’ivresse du pouvoir sous la seconde alternance se croient au-dessus de ces lois non écrites énoncées plus haut.
Comment expliquer le comportement de ce secrétaire d’Etat, naguère au centre d’une démission-reconduction subite, qui, suite à la publication de la nouvelle composition des membres du gouvernement, s’est empressé de débiter sa colère sur les antennes d’une radio de la place ? Son attitude narcissique est voisine de celle de cette directrice d’une structure nationale, à qui on prête d’avoir traité un ministre nouvellement nommé de tous les noms d’oiseau pour n’avoir pas eu le privilège d’intégrer le Saint des saints. Partout à travers le pays, des responsables politiques du parti présidentiel s’attaquent aux choix du chef de l’Etat pour dire que sans eux, c’est le déluge. Et dire que ce n’est que le commencement, car, il nous est revenu qu’à Ziguinchor et à Bambey, et en d’autres contrées, des voix s’apprêtent à se faire entendre.  
Si tout cela est possible, il faudrait en rechercher les causes à travers ce slogan de précampagne qu’on prête à Macky Sall selon lequel tout responsable qui perd dans sa localité, perdra automatiquement son poste dans les hautes sphères de l’Etat. Cette vision des choses n’est pas digne de la « Gouvernance sobre et vertueuse » prônée.
Pour avoir théorisé la « Patrie avant le Parti » antérieurement à son accession au plus haut destin politique, le leader de l’Alliance pour la République devrait vite opérer un recentrage sur les qualités civiles qui servent de soubassement à la « bonne gouvernance ». Un concept très en honneur ces derniers temps, mais qui ne se réduit pas dans le corset d’un département ministériel dédié. Il faut sanctionner toute énormité sans logique de realpolitik. La masse silencieuse et apolitique qui « nomme et dégomme » en toute souveraineté son chef tous les sept ans dépasse largement la population politicienne du Sénégal.      
Pourtant, juste après l’élection de 2012, les plus grandes personnalités de l’Apr, qui répondent des critères exigibles, étaient dans le gouvernement de Abdoul Mbaye. Même pour ce dernier remaniement, le quota du parti présidentiel a sensiblement augmenté, alimentant le prisme déformant de l’opposition qui parle de « gouvernement politique ». 
Pour mémoire, le président Léopold Sédar Senghor a, en pareilles occurrences, établi un précédent heureux par sa propension à se séparer de ceux d’entre ses collaborateurs de la première heure prompts à confondre l’Etat avec le parti. C’est la principale explication de la promotion dont a bénéficié la génération à Abdou Diouf, dans les années 70, au détriment de la vielle garde de l’époque.  Le successeur du président-poète a suivi cet exemple en faisant, le plus clair du temps, du « moins de politique, mieux d’Etat ». 
 En définitive, l’attelage gouvernemental n’est pas un butin autour duquel on se querelle pour susciter le mépris de 14 millions de Sénégalais, composés majoritairement de jeunes diplômés des plus grandes universités du monde, qui attendent d’être édifiés sur l’état d’exécution de la promesse de création de 500 000 emplois en sept ans. 
Samedi 9 Septembre 2017




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