Cheikh Ahmadou Bamba … la communauté mouride … la ville de Touba : l’incarnation d’une Afrique modèle et responsable


Cheikh Ahmadou Bamba … la communauté mouride … la ville de Touba : l’incarnation d’une Afrique modèle et responsable

Dans ce monde actuel caractérisé par des africains désorientés voire déboussolés qui ont perdu toute repère et durablement affaiblis il est encore temps de relever le défi en nous identifiant à nous-mêmes en nos valeurs qui sont les nôtres, nos valeurs par essence.
En effet le continent africain a de tous les temps fait l’objet de relégation au second plan, revêtu d’un boubou de ‘’grand consommateur ‘’, aucune considération à son égard car ne constituant point un pôle de références économique ou sociopolitique. Son histoire fut marquée à jamais par une soumission totale à une puissance occidentale rusée et opportuniste, l’esclavage en est un exemple illustratif de ce fait qui, des siècles durant, a symbolisé manifestement nos maux et laissé les conséquences que nous vivons présentement.
Mais ceci est surement et certainement pris au décompte d’un grand homme, Cheikh Ahmadou Bamba, derrière lui une ville modèle : Touba, une marée humaine modèle : de fervents disciples appelés mourides.
Ainsi, si aujourd’hui nous africains nous souffrons de notre « notoriété » c’est parce que nous n’avons pas su tirer profit de nos innombrables richesses, encore moins de notre capital humain.
Aux côtes ouest africaines naquit, grandit et demeura à jamais un saint homme d’une dimension exceptionnelle en la personne de Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul le Serviteur inlassable et privilégié du Sceau de l’humanité Seydina Mohamed (psl). Serigne Touba comme nous aimons l’appeler avait sous sa responsabilité la défense d’une cause bien noble, l’islam dans un sens large. Responsabilité qu’il acquiert après un pacte conclus avec son Seigneur via l’intercesseur des âmes le Prophète (psl), un pacte qui n’a pas du tout était gratuit étant donné qu’il devait se traduire par une somme d’épreuves, de peines et de souffrances à endurer. La manière dont il s’est adonné à ce sentier d’Allah montre avec certitude que nous africains nous ne manquons pas de repère ni d’hommes avertis, on devrait même se poser la question à savoir si nous ne constituons pas le référentiel ‘’0’’ ? Car le parcours de cet érudit demeure jusque-là sans précédent sur les tous domaines ayant trait au mieux-être de l’homme sur terre.
Doué d’une sagesse et d’un savoir être incommensurables aux yeux du commun des mortels le Cheikh a su bravé toutes les péripéties de ses ennemis malgré l’atrocité de ces derniers. Les contraintes temporelles n’ont point freiné son ambition, sa volonté de redorer le blason du drapeau de l’islam qui fut en berne pendant longtemps dans beaucoup de nos contrées mais aussi rehausser la dignité humaine, de l’homme noir surtout.
De nos jours la dépravation de l’image de l’islam atteint un niveau sans précédent, le message véhiculé n’étant pas fondamentalement lié à la cause essentielle de la religion révélée par l’Elu de Dieu (psl).
Le Cheikh lui avait pris les devants par rapport à une telle situation concernant l’éducation de ses disciples. Après la disparition de son illustre père il avait fait savoir aux uns et autres que peuvent rester ceux qui sont à la quête de la félicité d’Allah, cependant ceux dont l’enseignement livresque reste leur seul et unique objectif peuvent aller chercher ailleurs car le pays dispose pleinement d’érudits qui ne s’occupent que de cela. On comprend par ce premier acte posé tout juste après la disparition du son père Mame Mor Anta Saly qu’il concevait d’ores et déjà que l’éducation va au-delà de l’enseignement.
Albert Einstein, un grand physicien allemand, disait « l’éducation est ce tout qui reste après que l’on ait oublié ce qu’on a appris à l’école » il rejoint par cette assertion la méthode du Cheikh, qui en effet montre qu’éduquer dépasse la manière dont nous le concevons : il s’agit de forger l’homme, le mettre à l’épreuve de la vie à un tel point qu’il puisse se servir et rendre service avec toutes les composantes s’y afférant: savoir, savoir-faire et savoir-être.
Et si nous parlons dans un sens plus large l’élite africain au-delà même de la confession qu’il puisse avoir devrait avoir un fondement et ce fondement ne peut se faire sans un potentiel humain sur tous les domaines.
Et comme Serigne Touba œuvrait dans le sentier d’Allah, et étant donné que la religion et la vie (les choses ordinaires de la vie : travailler – manger –dormir- se marier…) vont de pair - ils sont indissociables – il s’impose alors une nécessité structurelle et organisationnelle durant toute notre vie afin qu’il ait une parfaite symbiose des deux sans que l’une n’enfreigne le processus de l’autre.
A travers cette noble mission il (le Cheikh) cultivait en ses disciples l’image réelle d’un bon musulman et par la même occasion l’incarnation d’un africain modèle et responsable. Le Président Senghor disait à l’occasion de l’inauguration de la grande mosquée de Touba en 1963, qu’Ahmadou Bamba avait voulu « enraciner l’islam en terre noire, en l’africanisant, en le négrifiant.
Et dans sa méthode de faire l’on pouvait distinguer une originalité et une universalité extraordinaires. Des approches andragogique et pédagogique très efficaces lui permettaient ainsi de vulgariser l’enseignement des principes de base de l’islam. Ce qui lui valut une soumission totale de l’ensemble de ses disciples mourides uni sous un vocable ‘’le ndiguel’’ : qui se traduit par un suivi des recommandations divines et un évitement de Ses interdits.
Un fait très important aussi, qu’il faut souligner c’est son pacifisme. Jamais il n’a senti le besoin de prendre les armes pour mener son « combat ». Ainsi disait-il « Mon combat se fait par la science et la crainte révérencielle d’Allah » Ce dont on retrouve aujourd’hui dans le monde musulman, arabe surtout, un certain intégrisme qui fait que les musulmans soient taxés de violents – l’islam de religion terroriste.
Aujourd’hui dans les pays du monde où règne une instabilité politique la dislocation des couches sociales serait à l’origine. Bon nombre de ces conflits internes gagne de plus en plus du terrain. Des milliers de personnes sont tuées à travers des différends entre des populations de même nation, qui partagent le même espace géographique et souvent la même religion. Le Sénégal en est épargné Dieu merci du fait d’une stabilité sociale incarnée pour la majeure partie par les courants religieux y demeurant. Celle-ci les mourides en ont grandement contribué.
Serigne Touba en inculquant des valeurs humaines aux populations conformément au l’adage ouolof qui dit ‘’ndap lou setoul dou meuna def dara’' se comportait d’ores et déjà en bouclier contre un tel phénomène. Il s’est investi corps et âme contre la crise des valeurs humaines dont souffrait l’Afrique depuis longtemps, sa façon de faire consistant à éduquer ses disciples à l’adoration du Tout Puissant, au sens du partage, à l’esprit d’entraide faisait régner un climat de vie en communion et assurait ainsi une cohésion sociale parfaite au sein des populations.
Ce culte d’un vrai leadership avec modestie et humilité qu’incarnait Cheikh Ahmadou Bamba, il l’a légué pour sa descendance, sa communauté.
Toujours pour mener à bien ces missions, le Cheikh entreprit de mettre en place un village du nom de Touba, loin des pratiques mondaines sataniques. Par la bénédiction de Dieu Touba est devenu aujourd’hui une grosse citée avec sa très grande mosquée gisant au cœur de cette dite cité qui est une fierté de tout musulman. Un grand édifice symbolisant le caractère islamique de la ville fit mis sur pied à une époque cruciale, la seconde guerre mondiale où la domination occidentale battait encore du cran. Mais cela ne saurait constituer un blocage pour de disciples mouride déterminés, ambitieux et dévoués afin d’accomplir l’une des recommandations les plus chères du Cheikh, un vrai joyau venant de Son Seigneur dit-il : « Dieu m’a honoré d’un édifice qui se dressera jusqu’au paradis ».
Touba, est aujourd’hui le berceau du mouridisme et l’exemple d’une cité socialement modèle.
Maintenant au regard de ce qui précède il faut noter que si les mourides ont réussi à graver des échelons cela est dû en grande partie par un effort constant dans l’exercice d’un travail ardu. En effet le slogan «liguèy jaamu Yalla – travailler et adorer Dieu» constitue leur credo et ceci est naturellement logico-rationnel au vue des objectifs entrepris par la voie mouride.


Mahawa S. MENDY
Sofia - Bulgarie

 
Mardi 25 Novembre 2014
Mahawa Sémou Mendy Sofia-Bulgarie




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