CHEIKH ABÔ ALIAS AMIR SULTAN : " Nul ne doit accepter l'esclavage au 21ème siècle... La responsabilité est partagée... Être homme d'affaires au Sénégal '


CHEIKH ABÔ ALIAS AMIR SULTAN : " Nul ne doit accepter l'esclavage au 21ème siècle... La responsabilité est partagée... Être homme d'affaires au Sénégal '
Chef religieux et homme d'affaires Sénégalais vivant à Dubaï, Serigne Cheikh Abô alias Amiroul Sultan est d'avis que le phénomène de l'esclavage des Africains en pays arabe dérive de plusieurs facteurs. Dans l'entretien qu'il déroule avec Dakaractu, le petit-fils de Serigne Touba revient sur les causes de la conjoncture économique en Afrique avant de décliner les facteurs bloquants d'un bon investissement au Sénégal.

Il se réjouit aussi de l'excellence des relations entre Dubaï et Dakar. Il évoquera, par ailleurs, les écueils auquel un homme d'affaires Africain peut être confronté quand lui vient l'idée d'investir dans son pays.


Dakaractu : Pourquoi Amir Sultan ?

C'est un titre que je tiens de la famille princière et de certains de ses membres plus précisément. C'est eu égard à mon appartenance familiale, à la proximité d'avec la vénérée famille du roi et grâce surtout à leur sens de l'hospitalité extrêmement important.  Personnellement, au delà de mon statut d'homme religieux, je suis un homme d'affaires qui travaille durement, transversalement dans plusieurs secteurs et qui choisit d'investir, toujours à perte malheureusement, dans mon pays pour aider les jeunes et participer à l'effort du relèvement du taux de l'employabilité. 

Pourquoi  vos investissements sont-ils toujours à perte ?

À cause notamment du non respect des engagements par nos collaborateurs. Au Sénégal, c'est dommage ! Lorsque vous collaborez avec les gens, vous avez mille chances de les voir manquer à leurs obligations, tenter de vous soustraire des fonds. C'est une machine. Tout le monde essaie de tromper tout le monde. J'avoue avoir perdu plusieurs centaines de millions, mais je ne regrette pas d'avoir essayé et je n'hésiterai pas à recommencer si l'opportunité m'est encore donnée.

Est-il facile d'être homme d'affaires au Sénégal ?

Non, le moins du monde. C'est même extrêmement pénible. 

L'État, cause-t-il des problèmes aux hommes d'affaires ?

Pas comme avant ! Au contraire, nous avons senti que le régime actuel fait des efforts considérables pour alléger les charges aux hommes d'affaires et c'est tant mieux. Personnellement, je crois que c'est mon devoir​ de venir apporter ma pierre à l'édifice. Travailler à lutter contre le chômage, aider les jeunes à avoir de l'emploi. Nous n'avons pas le droit de tout laisser entre les mains des dirigeants. L'Etat ne peut pas tout faire et ne doit même pas tout faire. Chacun doit s'y mettre.

Envisagez-vous de mettre à contribution vos relations avec la famille Princière pour fortifier les relations entre Dubaï et Dakar ?

Les relations sont déjà excellentes. Dieu merci !  Je compte en effet jouer sur ses relations pour faciliter l'entrée d'investissements. Aucun pays au monde ne s'est développé en restant recroquevillé sur lui-même. L'ouverture, la coopération, les échanges sont les moteurs d'un développement rapide. Dubaï peut, en effet, beaucoup servir au Sénégal. Le Sénégal aussi ! 

Des Sénégalais sont faits esclaves en Lybie. Ce phénomène vous inspire quel commentaire ?

Je suis triste de l'apprendre. Cela me fait beaucoup mal. Le monde devrait dépasser ce genre de choses depuis longtemps. Seulement, la pauvreté est mère de tous les vices. Nous Africains avons l'obligation de croire en nous et de travailler pour nous. La responsabilité est partagée entre pays développés et pays en développement. Les pays nantis ont une obligation morale de soutenir les moins nantis. 

En quoi faisant ?

En épongeant les dettes sans contrepartie, en allégeant les conditions d'obtention de ces dettes, en aidant les pays dépositaires de puits de pétrole à extraire ce pétrole sous des contrats qui leur profitent plus que ce qui est généralement prévu... Il faut aussi aider ces pays à avoir des monnaies fortes. Les pays Africains doivent aller vers le renforcement des secteurs agricoles et industriels, vers le consommer local. Ils doivent aussi œuvrer à faire de leur langue nationale l'outil de travail car aucun pays ne se développera avec la langue d'autrui. Ces axes là, tout le monde les connaît, mais nul ne travaille à les explorer. Maintenant, par rapport à l'esclavage dont sont victimes nos compatriotes, il faut que l'opinion internationale se saisisse profondément de la question. Cela doit cesser très rapidement. Nul ne doit accepter l'esclavage au 21ème siècle.

Les pays Africains et le Sénégal en particulier gagneraient à orienter leurs coopérations vers les pays arabes et arabo-musulmans et asiatiques qui sont moins mercantilistes que les  pays d'Europe. Ils perdent plus qu'ils ne gagnent dans ce partenariat qui n'est pas en réalité du gagnant-gagnant.  Des réflexions profondes sont obligatoires dans ce sens.
Dimanche 19 Novembre 2017




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