Brexit : les Britanniques l’ont fait, qui suivra le mouvement ?

Premier et seul Etat à quitter l’Union européenne, le Royaume-Uni pourrait bien donner des idées aux autres. Aussitôt connue la victoire du Brexit, en France, le Front national réclamait un Frexit, pendant qu’aux Pays-Bas, le député d’extrême droite Geert Wilders appelait à un référendum sur un Nexit pour sortir de l’Union européenne.


En quelques heures, la perspective de sortie de l’Union européenne est devenue un argument de poids pour les populistes européens qui ont le vent en poupe. Dès l’annonce de la victoire du Brexit, ils se sont positionnés sur la vague porteuse. 

« Un mouvement qui ne s’arrêtera pas »
 
Ce que le Royaume-Uni a osé et réussi, la présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, promet de s’y atteler si elle est élue. « Oui, il est possible de sortir de l’Union européenne » a martelé, forte de l’exemple britannique, la chef de l’extrême droite française.
 
Se félicitant de ce qu’elle nomme « la campagne référendaire pour l’indépendance du Royaume-Uni », Marine Le Pen en appelle au même procédé démocratique « pour rendre à la France sa pleine et entière souveraineté ». « Le Royaume-Uni vient d’initier un mouvement qui ne s’arrêtera pas », a ajouté la présidente du FN qui s’engage à tenir un référendum pour un « Frexit » si « elle est portée aux responsabilités ».

A l’autre bout de l’échiquier politique hexagonal, Jean-Luc Mélenchon du Parti de Gauche, l’affirme : « L’Union européenne, on la change ou on la quitte ». Sur son compte Facebook, l’ancien candidat à la présidentielle ne se berce pourtant pas d’illusions : « Bien sûr, la caste des eurolâtres ne tiendra aucun compte de ce qui vient de se passer et continuera de fustiger les "extrêmes", le "repli sur soi" et l’amour des peuples pour leurs libertés et dignité sociale. Plus dure sera la chute », avertit celui qui récolte entre 10 et 15 % des intentions de vote au premier tour de l'élection présidentielle française de 2017.
 
Axe central du programme de Geert Wilders
 
Les eurosceptiques se sentent plus que jamais pousser des ailes. Geert Wilders, chef de file de l’extrême droite néerlandaise, réclame lui aussi la tenue d’un référendum, un « Nexit », sur l’appartenance à l’Union européenne. « Je félicite le peuple britannique pour avoir battu les élites politiques tant à Londres qu’à Bruxelles et je pense que nous pouvons faire de même », a réagi Geert Wilders.
 
En campagne, le chef du Parti pour la liberté (PVV) fait désormais de la tenue de ce référendum l’axe central de son programme. Eurosceptique, anti-immigration et islamophobe, le PVV est donné favori par les sondages pour les législatives de mars 2017.       
 
Conforté lui aussi par le coup de théâtre du Brexit, un parti slovaque d’extrême droite, Notre Slovaquie, s’est déclaré à son tour pour un « Slovexit », afin de sortir de l’Union européenne. Marian Kotleba, le président de ce parti, qui dispose de 14 sièges (sur 150) au Parlement, a annoncé la collecte de signatures dès lundi en vue de la tenue d’une consultation nationale sur la sortie de la Slovaquie de l’UE.
 
La Slovaquie, l’Italie…
 
« Il est grand temps que la Slovaquie quitte aussi ce Titanic en train de couler », a déclaré Marian Kotleba, coutumier de déclarations racistes notamment contre les Roms. Le 1er juillet prochain, la Slovaquie prend la présidence tournante de l’Union européenne.
 
« Maintenant c’est à notre tour », s’est exclamé en Italie Matteo Salvini, le chef de la Ligue du Nord, parti anti-immigration de la droite radicale. Le Mouvement 5 Etoiles qui vient de remporter notamment les mairies de Rome et de Turin aux municipales, revendique quant à lui, un vote « consultatif » sur l’euro. Pas d’exigence de référendum donc, puisque la Constitution italienne ne permet pas de modifier les traités internationaux par cette voie.
 
« Pas un divorce à l’amiable »
 
Au lendemain de la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne, l’onde de choc n’est pas près de se dissiper. La séparation ne se fera pas sans dommages, en tout cas c’est ce qu’a laissé entendre le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker : « Ce n’est pas un divorce à l’amiable », a-t-il ainsi déclaré à la télévision allemande, le 25 juin. 

Par ailleurs, les Européens ne cessent de presser le Royaume-Uni pour qu’il engage au plus vite la procédure de sortie de l’UE. La perspective d’attendre le mois d’octobre comme l’a laissé entendre le Premier ministre David Cameron est loin de convenir aux présidents de la Commission européenne et du Parlement européen. Comme devant toute situation pénible de rupture, ils estiment qu’il est préférable de trancher rapidement avant que les parties ne s’embourbent.
Dimanche 26 Juin 2016




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