Boileau Loko, représentant résident du Fmi au Sénégal : « Il n’y a aucune contradiction entre les chiffres annoncés par le Président et ceux figurant dans notre rapport...»

Le Fonds monétaire international (Fmi) a approuvé le dossier du Sénégal et l’information a été rendue publique sur son site officiel, hier. Une occasion pour son représentant résident, Boileau Loko, de revenir sur cette décision mais aussi de faire des précisions par rapport au taux de croissance de 5,1% projeté par le Fmi là où Macky Sall parle de 6,4 %.


Libération : Monsieur Loko, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (Fmi) a approuvé le dossier du Sénégal. Pou- vez-vous revenir sur les raisons de cette décision ?

Boileau Loko : Effectivement, c’est la première revue du programme Ispe, l’Instrument de soutien à la politique économique, que le Sénégal a avec le Fonds monétaire international (Fmi). Le Conseil d’administration du Fmi a vu que le Sénégal a rempli la plupart des critères qui étaient prévus pour fin juin, c’est pourquoi la revue a été approuvée par les administrateurs.
Néanmoins, le Conseil d’administration a encouragé les autorités pour qu’elles continuent à mobiliser les ressources intérieures sans augmenter les taxes. Il a aussi demandé aux autorités sénégalaises de poursuivre l’amélioration de la qualité des dépenses d’investissement. Enfin, le Conseil d’administration a encouragé le Sénégal pour qu’il appuie d’avantage les Petites et moyennes entreprises (Pme), parce que ce sont elles qui vont créer de la croissance et générer des emplois pour ainsi baisser le chômage et réduire davantage la pauvreté.

Le Fmi a beaucoup insisté sur la rationalisation de certaines ressources...

Oui, il faut comprendre que le Plan Séné- gal émergent ne sera pas financé entièrement par l’extérieur. Une partie du Pse sera financée par les ressources internes. Le travail que nous faisons avec les autorités sénégalaises, c’est de voir comment un certain nombre de dépenses qui n’ont un impact direct sur la croissance peuvent être rationalisées, c’est-à-dire réduites, pour être réallouées dans l’Education, les Infrastructures, la Santé...

Mais dans votre rapport, vous pro- jetez le taux de croissance à 5,1 % alors que le Président Macky Sall a donné le chiffre de 6,4%. Pourquoi cette contradiction ?

En vérité, il n’y a aucune contradiction et il n’y pas d’incohérences entre les deux chiffres. Le taux de 5,1 % qui est dans notre rapport relève d’une estimation qui a été faite avec les autorités quand la mission du Fmi venue de Washington était au Sénégal au mois de septembre. Souvenez-vous que la mission a pris fin le 16 septembre et sur la base des informations qui étaient disponibles donc à cette époque, c’est-à-dire en août, les autorités et le Fmi ont convenu qu’on aurait un taux de croissance de l’ordre de 5,1%.
Aujourd’hui, il y’a de nouvelles informations, notamment sur l’Agriculture et les Services, qui ont changé la donne. En effet, les services du ministère des Finances, notamment la Dpee et l’Ansd, ont récupéré ces nouvelles données pour voir quel sera leur impact sur la croissance.
Donc, sur la base des ces nouvelles informations, l’équipe du Fmi qui va arriver à Dakar vers la fin du mois pour la seconde revue, va travailler avec les autorités pour voir quelles sont les nouvelles estimations de croissance pour 2015 et faire de nouvelles projections pour 2016. Donc, pour bien clarifier les choses, le taux de croissance de 5,1 % qui est dans le rapport du Fmi est basée sur les informations qui étaient disponibles jusqu’au 15 septembre 2015.
Le taux de croissance de 6,4 % annoncée par le Président Macky Sall serait basée sur le fait que la production agricole est beaucoup plus importante que ce que nous avions prévu au mois de septembre 2015.
Nous avions prévu une production de l’ordre de 6 % et selon les chiffres du ministre de l’Agriculture, ce taux serait beaucoup plus élevé. Nous allons prendre note et quand l’équipe va arriver à Dakar en début mars 2016, elle va travailler de concert avec les autorités pour voir quel est l’impact sur la croissance.

Libération
Vendredi 8 Janvier 2016




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