Babacar Justin Ndiaye : « Macky Sall est tombé dans le piège de l’interdiction : désormais il va beaucoup embastiller, beaucoup traquer. Sans assez travailler ».

« A mon avis, le retour de Wade fera grimper la température mais ne brisera pas le thermomètre »


Babacar Justin Ndiaye : « Macky Sall est tombé dans le piège de l’interdiction : désormais il va beaucoup embastiller, beaucoup traquer. Sans assez travailler ».

Comment analysez-vous le retour de Me Abdoulaye Wade dans un contexte où son fils est promis à un procès dans deux mois ?

 

En tant qu’observateur habité par le sang froid et vacciné contre les réflexes gratuitement alarmistes, je lis le retour de l’ancien Président Wade comme un évènement – forcément politique – qui ponctue la vie démocratique du Sénégal. Quand la santé d’une démocratie est au beau fixe, les acteurs – situés des deux côtés de la barrière – doivent être aptes à gérer les problèmes et les péripéties qui lui sont consubstantiels. Après tout, la politique n’a jamais été un fleuve tranquille. A mon avis, le retour de Me Wade fera grimper la température mais ne brisera pas nécessairement le thermomètre. Si le Président Macky Sall était attaché au triomphe des libertés constitutionnalisées qui avaient favorisé l’avènement du régime apériste en mars 2012 ; mieux, s’il avait fait montre d’une intelligence stratégique et fine, il aurait capitalisé ou partagé avec son prédécesseur, les dividendes politiques d’un retour bien canalisé sur les rails d’une fièvre politiquement saine ; donc démocratiquement ordinaire voire banale. Y a-t-il un lien avec le futur procès de Karim Wade ? Assurément, oui. A partir du moment où le PDS – à tort ou à raison –  considère Karim comme un prisonnier, le combat va politiquement s’intensifier.

 

Qu’est-ce qui explique le retour d’Idrissa Seck après un long silence dans le contexte précité ?

 

Voyez-vous, Idrissa Seck et Abdoulaye Wade sont deux hommes politiques de premier plan. Ils ne sont pas des chefs religieux mais des chefs politiques, à l’instar de Macky Sall. Dans le contexte actuel, ils sont de farouches opposants désireux de capter et d’exploiter la fin de l’état de grâce, la grogne larvée de nombreux segments de la société, les tensions au sein de Benno Bokk Yakaar etc. Une certaine division du travail anti-Macky est déjà perceptible. Deux jours avant l’arrivée de Wade, c’est le fantassin Idy qui débarque et tire des rafales bien ajustées sur le Président Sall. Dans les prochaines heures, c’est l’artilleur Wade qui déclenchera la canonnade. Un boulot manifestement coordonné.

 

Qu’est-ce que le retour de ces deux opposants augure pour le Président Sall ? Peut-on dire que l’opposition reprendra du poil de la bête ?

 

Il augure d’une ébullition sociale et d’une effervescence politique. La vocation d’une opposition est d’être mordante. Celle d’une équipe gouvernementale est d’être performante. L’enjeu étant, bien entendu, le peuple à séduire, à convaincre et à faire basculer sympathiquement puis électoralement dans son camp. C’est là une activité à laquelle le très rodé Abdoulaye Wade s’adonne depuis de nombreuses décennies. Quant à Idrissa Seck, il est surdoué pour pulvériser oralement l’adversaire. Manifestement,  Macky Sall et ses conseillers ne sont pas à la hauteur du défi politique et démocratique. A mon avis, le Président Sall doit se convaincre  qu’il a l’Etat sur les épaules, contrairement à l’opposition qui – sous tous les cieux – garde le ministère de la Parole, de la Provocation et, à l’occasion, du Sabotage. Bref, celui qui a un joli et cher collier au cou, doit éviter les corps-à-corps intempestifs. Désormais, il va beaucoup traquer, beaucoup embastiller. Sans assez travailler. Macky est tombé dans le piège. Dans un pays démocratique comme le Sénégal, le geôlier d’un opposant a plus de problèmes que son prisonnier. Le PDS pousse Macky à emprisonner le fils et à placer le père en résidence surveillée. Image démocratiquement insoutenable. Bref, c’est le temps de l’escalade.

 

Entretien réalisé par Adama Dieng (L’OBSERVATEUR DU 23. 4. 2014)

 

Mercredi 23 Avril 2014
Dakar actu




1.Posté par Papy1 le 23/04/2014 06:12
Vous avez vu JUSTE mon grand.
Il urge a Macky de changer le fusil d'epaule et retourne le piege au camps de l'adversaire en jouant au gentleman respecteueux de notre tradition et defuse l'atmosphere ainsi partager et manger sa part du gateau comme vous le dites si bien.
Le Senegal est le pays le plus democratique de l'Afrique toute entiere donc jouer par la FORCE est voue a l'echec.
So Mr. President it is better late than NEVER.
Merci

2.Posté par Liba le 23/04/2014 09:56
Tout le monde l'a dit Karim est un délinquant financier. Nous avions réclamé qu'il aille en prison, il y est , la justice est entrain de faire son travail en l'inculpant formellement. Des forces tapis dans l'ombre ne voulant pas que la vérité éclate se manifeste en vue freiner toute tentative de mise nue des comploteurs et autres délinquants.

Nous ne nous laisseront pas divertir, l'intérêt supérieur du pays commande que l'on se mettent au travail.

3.Posté par guediawaye le 23/04/2014 10:10
Lggueye rec mo am solo wax amul ndierime

4.Posté par Dr MALICK DIOP le 23/04/2014 10:46
Vraiment je suis de plus en plus ravi de lire tes analyses Babacar.
Bonne continuation.

5.Posté par Atypico le 23/04/2014 12:45
Non seulement ils sont bêtes et font monter la sympathie pour les Wade mais en plus il se ridiculisent en envoyant des forces de répressions et dit - on aussi , des chars ! Quels brillants analystes politiques que voilà …mais c’est vrai ce ne sont que des parvenus politiciens à la petite semaine ! Peut - être que davoir vaincu le père spirituel qui l'avait formé et enrichi a fait naître chez Macky une angoisse majeure de voir le Père se venger de sa "trahison", de son "parricide" ! Mais quoiqu'il en soit c'est contre productif ( et une façon de s'auto flageller de son" crime "?)

6.Posté par mouslim le 23/04/2014 15:29
tres pertinent!!!! je me demande pourquoi cette panique non justifié ;un wade que revient et op ! il instale la peur au palais ; interdiction par ici par la ;

7.Posté par Nyaaruwal le 23/04/2014 16:30
Analyste à la noix

8.Posté par MOLO le 23/04/2014 18:12
BJN AVAIT RAISON QUAND VOUS DISIEZ WADE NE VA PAS BOUGER
IL A PERDU LE POUVOIR MAIS TOUJOUR PRESENT SUR LA SCENE POLOTIKK
MERCI BJN BONNE VISION

9.Posté par Mon avis le 23/04/2014 18:40
Moi si j'était à la place de Macky j'allai lui envoyer la garde présidentielle l'escorter depuis le portail de l'aéroport jusqu'à son point de chute.Notre démocratie en sortirait ainsi grandi et le Président serait vu comme quelqu'un qui est animé par la volonté de faire la lumiere sur la gestion des deniers public par les gérants de ces derniers durant le régime passé et pas comme quelqu'un animé par la vengeance sur Karim dont la convocation à l'Assemblée pour faire le compte rendu de la gestion des fonds destinés à l'organisation de l'OCI a entrainé sa disgrace et sa traversée du desert en 2008.Interdire une marche ou un meeting du PDS est une boutade de la part du camp présidentiel et Wade peut en profiter pour semer le chaos dans les rues de la capitale en demandant aux libéraux de marcher avec ou sans autorisation et Dakar va revjvre les sombres moments des manifestations contre la candidature de Wade aux élections de 2012.C'est une véritable bataille de rues entre forces de l'ordre et militants libéraux qui risque d'avoir lieu aujourd'hui ou dans les prochains jours.



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