BASSIROU SY REJOINT MACKY - « Les populations de Touba n’ont aucun problème avec lui… Il a été le seul à avoir été surpris par la défaite du Oui ici… Ce que j’ai dit à Pape Diop... »

Coup de théâtre à Touba! Serigne Bassirou Sy a officiellement fermé la page Pape Diop, pour désormais retrouver Macky, au lendemain de la cuisante du Oui à Touba. Dans l’interview exclusive qu’il nous accorde, le chef religieux et conseiller économique, social et environnemental revient sur sa regrettée brouille avec le patron de l’Apr et leurs retrouvailles, ce qu’il a dit Pape Diop avant de le quitter, les causes de la défaite du camp présidentiel lors du référendum etc…


Serigne Bassirou Sy, est-ce vrai que vous êtes revenu aux côtés du Président Sall ?


Absolument ! Je rappelle que le Président Macky Sall n’a pas été élu par un parti. Il a été mis en avant  et soutenu par des amis et des collaborateurs. Des personnes qui ont très tôt cru en lui et au projet de société dont il était porteur. J’ai combattu pour l’imposer à Touba. Aujourd’hui, je défie quiconque veuille faire croire aux gens qu’il n’est pas aimé à Touba. Les populations de Touba n’ont aucun problème avec le Président Macky Sall. Pour preuve, revisitez les chiffres ! Lors des élections locales de 2009, Dekkal Ngor avait engrangé un total de 19 000 voix. Avec la présidentielle, lors du premier tour, il a fait un bond de 22 000 voix. Mieux de 38 000 voix, il est passé à 48 000 voix au second tour. Autrement dit, son ascendance a été fulgurante à Touba. Maintenant, c’est après que le mauvais leadership local a fait  dégringoler les chiffres car avec les législatives, le parti n’a obtenu que 30 000 voix. Le référendum a été, pour ce qui le concerne, catastrophique. Je confirme avoir rejoint l’Apr et le Président Macky Sall, effectivement.
 
Qu’est-ce qui a été à l’origine du coup de froid entre vous et le Président Sall ?


Des personnes malintentionnées sont allés lui raconter des faussetés. J’imagine. Dans tous les cas, à un moment donné, je me suis écarté. Comme beaucoup de responsables politiques du département, j’ai fait partie des frustrés. Il y en a eu des frustrés dans ce parti. Et rien n’a été fait pour les récupérer. Quand je créais le mouvement « Les Amis de Macky, And Falco 2012 », personne n’osait politiquement lui apporter un soutien dans la cité religieuse. Au vu du travail colossal que j’ai abattu, je ne pouvais pas comprendre qu’un tel scénario puisse se présenter. J’ai alors pris mes distances pour ne pas déranger. Aujourd’hui, cette situation est dépassée. Il m’a appelé chez lui. Nous avons discuté et je m’engage, désormais, à lui apporter tout mon soutien. Ce n’est pas normal qu’un Président ne puisse pas avoir de grands scores lors des joutes électorales dans une cité symbole comme Touba.
 
Il est donc vrai que vous avez fait escale dans le Bokk Gis-Gis ?


Escale ? Naturellement, quand tout a changé avec l’Apr et le Président Macky Sall, j’ai pris mes responsabilités. Pape Diop est aussi un ami. J’ai jugé utile de lui donner un coup de main. Je l’ai fait en toute responsabilité. Le compagnonnage a fait le temps qu’il devait faire et puis la page est tournée.


Qu’avez-vous dit à Pape Diop ?


Je lui ai dit que le Président Macky Sall a sollicité une nouvelle fois mon expertise politique et que je ne pouvais pas, compte tenu de la nature des relations que j’entretiens avec lui, refuser. Je lui ai aussi dit qu’il n’était pas dans mes habitudes de jouer à cache-cache. Je lui ai directement fait savoir que je le quittais au profit du Président de la République.
 
Et qu’est-ce qu’il vous a répondu ?


Il a répondu qu’il avait compris et qu’il prenait acte de ma décision. Perdre quelqu’un qui a derrière lui 743 responsables qui lui sont fidèles entre Touba et Mbacké n’est toujours pas chose aisée.
 
Avez-vous été surpris par la défaite du Oui lors du référendum ?


Il n’y a que le Président Macky Sall qui a été surpris par la défaite du Oui lors du référendum à Touba. Dans le contexte de mise à l’époque, une victoire était impensable. Il y a avait un problème politique énorme. Le référendum n’était pas préparé, les frustrés étaient nombreux. Je ne pouvais pas, personnellement, me hasarder à intervenir politiquement dans ce contexte. Déjà au sein du parti, il y avait des divergences énormes. Il fallait d’abord dissiper les nuages avant de sensibiliser les populations autour du projet de révision constitutionnelle.
 
Aujourd’hui, vous n’avez plus de coordinateur…


Sur ce point précis, je voudrais avertir de ne pas gâcher le travail que nous voulons abattre. Qu’on ne cherche pas à nous envoyer des mercenaires. Nous n’avons pas besoin de leadership venus d’ailleurs. Les responsables de Touba et Mbacké sont suffisamment responsables pour s’entendre et se retrouver. L’essentiel des blocages a été dissipé. Que ces responsables qui sillonnent le département arrêtent leurs mouvements. Nous sommes en train de réunir tout le monde autour de l’essentiel.
 
Pensez-vous que le Président Macky a des chances en milieu mouride ?


Absolument ! Il entretient d’excellentes relations avec les chefs religieux. Il a beaucoup fait pour Touba et il promet de faire encore beaucoup de choses. Jamais un Président n’a perdu à Touba. Le référendum a été sa dernière défaite à Touba...
 
 
 
Jeudi 28 Avril 2016




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