Autosuffisance en riz en 2017 : Pape Abdoulaye Seck réplique à Robert Sagna

Je viens de lire avec intérêt l’interview du ministre d’Etat, Robert Sagna, paru dans Le Quotidien du mercredi 03 février 2016. Je m’en réjouis profondément, car la complexité et la complexification des questions agricoles incitent à plaider pour une pluralité des analyses. Je voudrais, pour ma part, faire observer un certain nombre d’éléments.


Autosuffisance en riz en 2017 : Pape Abdoulaye Seck réplique à Robert Sagna
1) Monsieur Sagna annonce qu’on ne «pourra jamais régler définitivement l’autosuffisance si on n’emblave pas suffisamment». J’aurais nuancé ce point de vue. En effet, avant la crise de 2008, la production rizicole africaine avait augmenté en moyenne de 3,2%. La hausse des superficies emblavées y avait contribué à hauteur de 75% et celle des rendements pour 25%.  Par contre, à partir de 2008, avec la massification investissements et l’incorporation d‘innovations technologiques, la production a augmenté de 5,8%, expliquée par la hausse des rendements à hauteur de 71% et celle des superficies pour 29%. Par conséquent, il est scientifiquement établi, à partir des recherches du centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice) que le progrès technique impacte plus sur l’augmentation de la production que la hausse des superficies.
Ici au Sénégal, nous avons une approche mixte consistant à rechercher les effets synergiques entre les rendements et les emblavures pour accélérer la cadence.
2) M. Sagna affirme, et c’est à son honneur en tant qu’ancien ministre de l’agriculture, que des résultats record ont été enregistrés cette année. Toutefois, il semble attribuer tout ceci à une bonne pluviométrie. La Fao, pour sa part, dans sa publication en date du 25 janvier 2016 intitulée «Views country briefs-Sénégal» pense plutôt que c’est la bonne pluviométrie et les mesures prises par le Gouvernement qui expliquent les performances notées et saluées. Je suis tenté de confirmer le point de vue de la Fao car cette année la production céréalière au Sahel a augmenté de 4% contre 82% au Sénégal. Pour l’arachide, la hausse sahélienne est de 10% et celle du Sénégal de 68%. Pour le niébé, le Sahel enregistre une hausse de 12% contre 125% pour le Sénégal. Il en résulte donc que l’eau est un facteur de production à combiner de façon optimale avec des intrants en quantité et en qualité grâce a des itinéraires techniques porteurs de progrès. A titre illustratif, la quantité de semences certifiées d’arachide est passée 6 000 tonnes en 2012 à 50 mille tonnes en 2016, d’où immanquablement un différentiel positif de productivité. Pour le riz, la quantité de semences de pré-bases produite par l’Isra en 2015/2016 est de 30 tonnes, soit deux fois plus que celle nécessaire (15 tonnes) pour atteindre l’objectif de l’autosuffisance rizicole.
3) Nous sommes à l’ère et à l’heure de la gestion des changements climatiques, fondée et soutenue sur les connaissances et les technologies générées par le génie créateur de l’homme.
C’est pourquoi en 2014, malgré le déficit pluviométrique enregistré, la production agricole a augmenté au Sénégal de 7,8%, grâce à la conception et à la mise en œuvre d’un programme d’adaptation au changement climatique.
4) L’auteur dit que «les résultats obtenus en riziculture pluviale n’ont jamais été atteints» et les explique par la pluviométrie de cette année. Je voudrais prolonger son analyse en faisant remarquer que c’est aussi à cause de la diffusion de nouvelles variétés telles que Nerica 1, Nerica 4, Nerica 5, Nerica 6 et la mise en valeur d’environ 34 mille ha en zone pluviale, basée sur la construction de digues anti-sel et d’ouvrages de retenue d’eau. 
5) L’auteur ne réfute pas la faisabilité de l’objectif de produire 1,6 millions de tonnes en 2017, mais estime «insuffisantes les capacités de trituration du riz» qui selon lui, sont de 200 mille tonnes. Il s’agit certainement d’une erreur de frappe, car le riz n’est pas trituré à l’image des oléagineux, il est décortiqué. Il convient également de souligner que le rôle de l’Etat dans cette activité consiste à accompagner les acteurs privés. Ce qui, du reste est actuellement le cas comme l’illustre la montée en puissance des rizeries sur l’étendue du territoire national, notamment avec le projet indien qui vient de démarrer, le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc) et plusieurs initiatives privées qu’il serait fastidieux d’énumérer ici.
6) Pour l’autosuffisance en riz, l’auteur nous donne la voie, à savoir, miser sur la double culture au nord avec 120 mille ha pour régler le problème. Le continent africain, selon les spécialistes d’Africa­Rice, de l’Irri et des systèmes nationaux de recherche, a un potentiel enviable en ce qui consiste la riziculture de bas-fond. En effet, l’Afrique au sud du Sahara compte plus de 130 millions d’ha pour cette écologie et n’en exploite que 3,9 millions d’ha. C’est ce qui explique pourquoi des recherches ont été entreprises pour mettre au point des Nerica Lowlands et les Arica à cycle court. Notre conviction est qu’un changement de la physionomie de l’agriculture passe nécessairement par l’exploitation raisonnée des capacités productives de nos écosystèmes. Déjà Kolda nourrit Kolda en riz avec le niveau de production enregistré cette année, comme l’a brillamment démontré le Directeur général de la Sodagri. 
7) Pour rappel, de 1960 à 2000, les statistiques officielles nous apprennent que le Sénégal n’a pas produit plus de 364 mille tonnes de paddy par an, nous sommes actuellement à 917 mille tonnes. Il y a donc de bonnes raisons de penser que les ruptures opérées ont été salutaires. 
8) Pour ce qui concerne les réserves de l’auteur sur les capacités de transformation du riz qu’il plafonne à 200 mille tonnes, je voudrais préciser qu’en 2015, rien que dans la Vallée, plus de deux fois cette quantité de paddy a été décortiquée avec les équipements déjà en place, et qui vont augmenter dans le cadre des programmes précités.
Décidément, l’environnement se transforme vite et bien. Et, en tout état de cause, les riziculteurs sénégalais, avec le soutien de l’Etat, ont déjà réalisé un niveau de production rizicole jamais égalé depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, en moins de deux ans. Par conséquent, ces riziculteurs sénégalais sont à féliciter et à encourager.
Je termine mon propos en réitérant mon attachement et mes félicitations à ce monument de l’agriculture sénégalaise pour sa contribution.

Dr Papa Abdoulaye SECK
Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural du Sénégal
Spécialiste en politique et stratégies agricoles
Académicien des Sciences Agricoles (Ansts, Aas, Twas)
Jeudi 4 Février 2016




1.Posté par ndong le 04/02/2016 14:59
Mr le ministre les chiffres sont bidons. Arachide a reculé

2.Posté par aaa le 04/02/2016 15:11
Farba.S n'aurait pas pu apporter ces genres de réponses.

3.Posté par Benzo le 04/02/2016 15:31
Je ne vois pas de commentaire pcq le niveau est élevé pour les rats du net

4.Posté par Azou le 04/02/2016 15:40
Sa sœur vient d'être nommee au Pgire2 . Tchéy macky. En plus elle se fait appeler docteur com le son frère. Senegal mo nekh....

5.Posté par lestek le 04/02/2016 17:01
Mr le Ministre merci. Vous êtes un homme compétent. J'étais avec vous à Cotonou et j'ai pu apprécier combien vous étiez engagé et passionné par votre travail. Ne perdez pas votre temps à répondre à des gens qui mis à genoux ce pays et qui n'ont que la bave à la bouche après avoir été congédié par le peuple souverain. Quallah le tout puissant agrée votre oeuvre à la tête de ce Ministère stratégique. Amine..

6.Posté par agent de l''''etat le 04/02/2016 17:10
encore une fois Monsieur, soyez en paix et continuez à travailler pour l'agriculture sénégalaise qui aujourd'hui, est la fierté de toute l'Afrique. les pays voient viennent chez nous pour s'inspirer de notre modèle.
Apres le continent et l'international, vous êtes entrain de servir votre pays de façon loyal. Vous êtes un homme de défis

7.Posté par agent de l''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''etat le 04/02/2016 17:21
pour répondre.à Azou qui parle de la sœur du Ministre c'est parce qu'elle le mérite, cette famille n'a jamais demandé de passe droit . Cette femme dont azou fait allusion, une femme de paix discrète, rigoureuse et sociable.
Rappeler vous de ce que le président de la république a dit à propos de Mme Anta Seck lors du décès de s on père à la Medina. Bref Mme Anat Seck est une femme du sérail, compétente.
En ce qui concerne l'ancien ministre Robert Sagna, il devrait pas dire de telles choses à son cadet qui est entrain de relooker l'agriculture sénégalaise, des réalisations qu'aucun ministre de l'agriculture n'a fait jusque là.
Monsieur le Ministre Robert Sagna , le Dr papa Abdoulaye Seck sera toujours à l'aise devant vous. Décortiquer mon message tonton robert

8.Posté par Paysan le 04/02/2016 17:25
Dr Académicien Mr le Ministre,

Avec tout le respect, je vous prie de bien vouloir faire revoir les chiffres que vous communiquez dans la marche vers l'autosuffisance en riz.. Cette fois, vous dites que vous avez emblavé 34.000 ha en zones pluviales rizicoles et produit 57% de la production nationale de 917.000 tonnes, soient 522.690 tonnes (votre propre déclaration une fois à la RTS et mardi encore à la cérémonie de lancement d'un nouveau projet de riz pluvial appuyé par le Japon). Donc le rendement moyen en zone pluviale est de 15 tonnes à l'ha. Qui peut vous croire, quand on sait que meme en zone irriguée (vallée et Anambé), ce rendement divisé par trois n'est pas obtenu.

Aussi, Mr le Ministre, la SAED donne une production de 438.337 tonnes pour 2015 (cf discours DGA SAED à la présentation des voeux). Alors, 438.337 ajoutés aux 522.690 de la zone pluviale donnent déjà 961.027 tonnes qui dépassent votre production totale de 917.000 t. Soit, mais quelle est alors la contribution de l'Anambé avec la SODAGRI dont le DG BALDE soutenait (émission LE POINT RTS du 13 janvier 2016) comme vous du reste, que la zone pluviale a couvert ...52% et qu'ils ont emblavé aussi 1.500 ha cette année (excuser du peu) avec ... trois tracteurs. Combien ont ils produit à l'Anambé qu'il faut rajouter à la SAED et à la zone pluviale (961.000).

Vous voyez, on sera loin de vos 917.000 tonnes.

Nous ne sommes pas Académiciens, mais parfois de petits calculs suffisent pour ruiner de gandes thèses.

Encore une fois, avec tout le respect dû à votre rang.

9.Posté par ADAMA MOMAR SECK le 06/02/2016 20:25
Félicitations Mr le Ministre! Depuis 1975, je retrouve les qualités intrinsèques de patriotisme, d'objectivité, de rationalité, d'humilité et de rigueur scientifique! Qu'Allah nous donne encore d'autres victoires en faveur du Peuple sénégalais!



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