Au cœur d’un rapport de la Centif transmis depuis au parquet : Qui protège le groupe Decameron ?

Exploitant de l’hôtel Baobab Saly, Decameron est au cœur d’un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). Aujourd’hui, on ignore la suite qui a été réservée à ce rapport depuis sa transmission aux autorités judiciaires.


Au cœur d’un rapport de la Centif transmis depuis au parquet : Qui protège le groupe Decameron ?
Lorsqu’elle transmettait au parquet les rapports mettant en cause Ameth Khalifa niasse et ses enfants, le cambiste Demba Sy etc. - tous blanchis après enquête -, la cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) avait aussi fourni un autre dossier aux autorités judiciaires. Il s’agit d’un rapport soupçonnant un parfum de blanchiment et qui mettait en cause le propriétaire du groupe Decamaron qui a racheté l’hôtel Baobab, sis à Somone.
Même si le dossier a fait l’objet d’une enquête de la Section recherches, aujourd’hui, il semble être enterré dans les tiroirs et tout le monde semble vouloir «oublier» cette affaire. Or, les faits rapportés par la Centif, dont le rapport a été consulté par libération, se passent de commentaires. En effet, Accor avait cédé 50.000 de ses actions à une société basée en Amérique latine. Le même jour, cette dernière... revendait la moitié desdites actions au prix d’achat à Decameron, basée elle aussi en Amérique latine. Cette transaction, sans justification et dans un délai très court, avait amené la Centif à déclencher une enquête sous la houlette de son ancien président, Ngouda Fall Kane.
Des investigations menées par la Centif avec l'appui de ses correspondants à l'étranger ont fait ressortir plusieurs indices tendant à faire croire à un blanchiment présumé de capitaux.
Tout d'abord, il y a la substitution de tiers aux parties contractantes. Ensuite, les valeurs d’acquisition des 50.000 actions (715.581.073 F Cfa) et celles relatives à la revente des 25.000 actions au prix unitaire de 14310 F Cfa (357.750.000 F Cfa) qui ne correspondent pas aux montants transférés au titre desdits règlements (897.000.000 F Cfa de New York à Dakar et 876.000.005 F Cfa de Dakar à Paris en passant par Londres, Dublin).
La Centif avait conclu que «les opérations d’achat et de revente sont inutilement complexes avec une multitude d’intervenants sans liens apparents». Et des personnes formellement identifiés comme «intervenants » dans cette affaire ont été mises en cause par la Centif qui a demandé l’ouverture d’une information judiciaire pour blanchiment de capitaux. Depuis, on ignore la suite réservée à ce dossier mais, Decameron, elle, continue de dérouler. Libération reviendra en détails sur les péripéties de cette affaire entourée de plusieurs zones d’ombre. 
 
 
Mercredi 5 Novembre 2014




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