Attentat en Isère : une voisine de Yassin Sahli avait alerté les gendarmes


Attentat en Isère : une voisine de Yassin Sahli avait alerté les gendarmes
Son témoignage, à la lumière de l'attentat perpétré en Isère vendredi, fait froid dans le dos. Une voisine de Yassin Salhi, alors qu'il habitait encore dans le quartier de Planoise, situé en zone de sécurité prioritaire (ZSP) à Besançon (Doubs), avait signalé à la gendarmerie puis à la police son « changement soudain » de comportement.
« Du jour au lendemain, il n'a plus dit bonjour, se remémore Isabelle*. C'était après une de ses absences pendant plusieurs mois au cours de l'année 2012. Quand il est revenu, il baissait même la tête lorsqu'il croisait des femmes pour ne pas les regarder. Ce n'était plus le même homme qu'à son arrivée dans l'immeuble... »
Installé, courant 2011, avec femme et enfants, dans un appartement du 2e étage d'un immeuble de la place de l'Europe, l'auteur présumé de l'attentat de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) est alors un « homme sociable, gentil et avenant ». « Je suis allée me présenter chez eux, se rappelle Isabelle. Ensuite, j'allais boire le café avec sa femme. Tout se passait bien. Et puis, petit à petit, son mari a commencé à discuter avec des jeunes du quartier, en bas de l'immeuble. C'étaient des adolescents de 16 ans, qui cherchaient leur voie. Ils entraient dans la religion et mon voisin restait à discuter avec eux jusqu'à des 2 ou 3 heures du matin. Il allait aussi souvent courir dans le parc urbain de Planoise et faire du sport dans une salle du secteur. Parfois, on ne le voyait plus pendant plusieurs semaines. Sa femme disait qu'il s'absentait pour du travail. »

De mystérieuses visites

Viennent ensuite les visites d'un petit groupe d'hommes, « toujours vêtus de pantalons cargo, avec des poches sur les côtés, de couleur noire ou kaki ». « Ils venaient tous les mercredis soir, à partir de 21 heures, poursuit Isabelle. Ils étaient quatre ou cinq, toujours les mêmes, mais ils n'étaient pas du quartier et arrivaient toujours un par un. Pour moi, c'étaient des frères musulmans, au crâne rasé et porteurs d'une petite barbe. C'était en 2013. C'est à ce moment-là que j'ai alerté la gendarmerie. »

Isabelle décrit alors aux forces de l'ordre les mystérieuses visites du mercredi soir et « les changements physiques » de Yassin Salhi, -- « il avait perdu au moins 30 kg et, un coup, il portait une queue-de-cheval avec les cheveux rasés sur le côté, puis les cheveux courts et un petit bouc taillé ». « J'ai ensuite été rappelée, au mois de février 2014, par un policier qui m'a dit que j'avais vu juste car mon voisin était connu pour son appartenance à la mouvance salafiste, confie encore Isabelle. Il m'a proposé de venir le voir au commissariat afin d'identifier les hommes qui se rendaient chez lui. »

Mais le rendez-vous n'aura jamais lieu... « La première fois, je n'ai pas pu y aller et, la deuxième fois, c'est le policier qui a annulé, explique-t-elle. Ensuite, on ne m'a plus jamais appelée. J'ai pensé que c'était résolu. Franchement, après ce qui vient de se passer à Saint-Quentin-Fallavier, je me dis qu'il aurait très bien pu faire ça ici, à nos proches ou à nos familles. Je me dis que la police n'a pas cherché plus loin finalement. Ça fait peur... »

Contacté hier soir, le ministère de l'Intérieur a démenti cette version des faits en affirmant avoir sollicité à trois reprises cette voisine qui n'aurait pas accepté de rencontrer la police.
Dimanche 28 Juin 2015




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