Après 29 années à la tête de la CAF, quel bilan pour Issa Hayatou ?

Après vingt-neuf ans de présence ininterrompue à la présidence de la CAF, le Camerounais Issa Hayatou (70 ans) a été battu le 16 mars dernier par le Malgache Ahmad Ahmad. L’occasion de revenir sur le bilan du désormais ex-président. Avec du bon et du moins bon.


Après 29 années à la tête de la CAF, quel bilan pour Issa Hayatou ?

Bilan sportif

Augmentation du nombre de sélections africaines en phase finale de Coupe du Monde, réformes de la CAN et des compétitions de clubs, création du CHAN, des CAN des moins de 23 ans, 20 ans et 17 ans, développement du foot féminin, du futsal et du beach-soccer : « Il y a eu des avancées importantes. Il a permis au football africain d’être mieux exposé, plus attractif. Ces différentes compétitions se déroulent dans de bonnes conditions », note l’ancien international marocain Abdeslam Ouaddou. Un avis partagé par Jean-Marc Adjovi-Boco, l’ex défenseur des Écureuils du Bénin et cofondateur du Diambars Football Club (Sénégal) : « Il s’est inspiré de ce qui se fait en Europe, a su le transposer en Afrique, et plutôt bien. »

La question de la CAN

La compétition phare de la CAF concerne depuis 1996 seize équipes. « Hayatou a fait passer le nombre de huit à douze, puis à seize. La CAN est devenue un tournoi qui attire les médias et les observateurs du monde entier. Par contre, d’autres compétions souffrent de la comparaison. La Ligue des Champions ou la Coupe de la CAF manquent encore de visibilité en Afrique », note Patrick Mboma. « Hayatou aurait dû se pencher sur le calendrier de la CAN. Elle se joue tous les deux ans, mais la question de la période à laquelle elle est disputée interpelle. » L’ancien buteur des Lions Indomptables du Cameroun estime que la déplacer au mois de juin serait plutôt opportun. « Il y a des matchs en Afrique en juin et cela ne pose pas de problèmes…»

La CAF se porte bien, les fédérations, pas toujours

Les caisses de la CAF sont aujourd’hui remplies. Le dirigeant camerounais a su attirer des partenaires économiques tels MTN, Stanbic Bank, Orange, ou Total. « Les différentes compétitions nationales doivent être viables sportivement. Les fédérations sont encore beaucoup trop dépendantes des États », résume Mboma.  Pour Adjovi-Boco, l’urgence est de mettre des moyens pour développer « la formation des jeunes et des entraîneurs, améliorer les structures, et notamment les terrains. Cela va attirer des investisseurs. Les États, la CAF, les fédérations doivent discuter. Je sais que l’Afrique a d’autres urgences, mais le foot est un levier social – notamment pour les jeunes – et économique énorme. »

Un professionnalisme pas assez développé

Les championnats réellement professionnels en Afrique sont rares. « Et c’est quelque chose qui aurait dû être traité de manière plus concrète. Il faut le faire en développant un professionnalisme adapté aux réalités du continent, avec des conditions matérielles et financières qui inciteront les joueurs à rester dans leur pays un certain temps, plutôt que de s’exiler très jeunes, alors qu’ils n’en n’ont pas toujours le niveau », insiste Ouaddou.

CAF, une image à restaurer

Issa Hayatou s’était  installé dans une bulle créée également par un environnement dévoué à sa cause. « L’homme était devenu plus important que l’institution. À force de vouloir durer, on s’entoure de gens qui n’apportent plus de contradictions », explique Adjovi-Boco. Jugée peu démocratique, la CAF a dû également affronter les rumeurs de corruption concernant Hayatou ou certains de ses membres influents. Et la gestion désastreuse de l’attaque du bus transportant la délégation togolaise par des terroristes des Forces de Libération de l’État du Cabinda (FLEC)  a fait beaucoup de mal à la CAF et à Issa Hayatou, accusé d’avoir manqué d’empathie envers les victimes.

Vendredi 24 Mars 2017
jeuneafrique




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