Affaire du stade Lat Dior de Thiès : Les tergiversations financières de Mbaye Faye

6 avril 2015-10 avril 2017. Deux années pour réfectionner le stade Lat Dior de Thiès, c’est le temps qu'a mis l’entreprise de BTP CSTP SA, pour ne pas respecter un simple délai de livraison de 6 mois, du fait d’un imbroglio financier que nous nous efforçons de comprendre. Un marché de 1 milliard et 75 millions, et un avenant plus loin de 550 millions, qui n’est toujours pas abouti et un Directeur Général, Mbaye Faye en l’occurrence, qui se perd en conjectures et explications pour le moins embrouillées, qui mettent en lumière certains mécanismes de passation de marchés où l’État n’est pas exempt de reproches, voilà en somme une affaire qui sent le souffre.


Le premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne avait présidé le démarrage des travaux il y a deux ans, en 2015 et le stade devait être disponible dans les six mois. Mais depuis rien. Seule la toiture de la tribune principale, la grille de protection ont commencé ainsi que des débuts de travaux dans les vestiaires. Et aux dernières nouvelles, il réclame à l’Etat du Sénégal, la somme de 550 millions de francs pour terminer la pelouse. Alors comment un tel retard a-t-il été pris ? Voilà l’histoire de la réfection d’un stade aux multiples faux-rebonds.
En septembre 2015, l’entrepreneur Mbaye Faye interrogé sur le rythme des travaux de réfection qui lui ont été confiés, affirme que ceux-ci ont démarré et que 80% du gros-œuvre a été exécuté, à savoir la réfection des tribunes, et les vestiaires… S’il ne suffisait que de cela pour faire un stade, ce serait heureux. Et notre entrepreneur de nous apprendre à cette occasion, affirmant qu’il était en avance sur les délais, que sur demande du Premier Ministre la CSTP a préfinancé 90% du milliard en question, sans pour autant avoir eu le contrat signé. Est-ce normal de procéder ainsi au Sénégal ? Cela ne fausse-t-il pas d’éventuels et nécessaires appels d’offres ?
C’est alors que le 6 novembre 2015, se pose la question des normes FIFA, qui obligent notre entrepreneur à inclure dans ses travaux, la peinture, comme si cela n’allait pas de soi, l’éclairage, la vidéo surveillance et la construction d’une salle anti dopage. Notre homme demande alors un avenant de 550 millions pour continuer son œuvre, et explique son retard aujourd’hui par l’attente de ces fonds, le contrat toujours pas signé, alors que le ministre Matar Ba avait déclaré devant les députés réunis en séance plénière, pour l'examen du budget 2015 de son département que les travaux de réhabilitation allaient démarrer incessamment, et que dans la loi de finances rectificative, une somme de 500 millions de francs CFA avait été votée pour le démarrage des travaux de ce stade. On en était alors à 500 millions ? Décidément pas clair comme dossier.
Un coup, ces 550 millions sont pour l’éclairage, un autre coup c’est pour la pelouse, et le 28 février dernier, Mbaye Faye déclarait avoir fait importer 39 conteneurs de sable pour la pelouse du stade Lat Dior, et un autre jour, c’est pour la peinture qu’il déclarait déjà comptabilisée dans ces 80% des fonds engagés par sa société en Novembre 2015.

Pourtant un an après, en novembre 2016, ce même MbayeFaye déclarait que « Les travaux de réhabilitation du stade Lat Dior de Thiès vont reprendre incessamment après un arrêt technique et que Le Gouvernement vient de signer un avenant d’une enveloppe de 550 millions de FCfa qui viennent s’ajouter au montant initial de 1,85 milliard de FCfa qui avait été mobilisé pour ce projet de réhabilitation et d’aménagement du stade Lat Dior ».

Face aux remarques des citoyens pressés de retrouver leur stade, et devant les questions de nombreux organes de presse, Mbaye Faye s’est fendu d’un communiqué où il utilise les habituels subterfuges d’ennemis tapis dans l’ombre, et où il met lui-même l’accent sur ses relations avec le ministre Matar Ba qui seraient antérieures à ces contrats, ce qui justifierait selon lui qu’il puisse travailler sans contrat, parce que en toute confiance. C’est le Gondwana !!!!
Quelques remarques s’imposent à notre entendement. Comment un entrepreneur peut avancer 80% d’un marché alors que le contrat qui le lie à l’état n’est pas encore signé ? Comment peut-il engager une demande d’avenant alors que le contrat initial n’est ni signé, ni exécuté ? Comment Mbaye Faye peut-il annoncer le 6 novembre 2015 qu’un avenant de 550 millions a été signé avec l’État et que ce 5 avril 2017, il vient nous annoncer que le retard des travaux qui lui est reproché est logiquement dû à la non signature de l’avenant devant justement lui permettre de terminer ce chantier ? Comment un budget engagé lors de la Loi rectificative pour la réfection du stade passe de 500 millions à 1 milliard 85 millions ? Pourquoi si tout est en règle du côté de l’État, des pénalités de retard ne sont pas engagées contre l’entrepreneur Mbaye Faye ?
Ce sont des questions auxquelles nous attendons des réponses d’autant que la mise en scène de cette semaine sur le chantier ressemblait plus à une opération de colmatage médiatique, destinée à calmer l’opinion publique thiessoise, avec des images qui donnaient plus l’impression d’un chantier de domicile que de gros chantier comme il convient d’en constater pour un stade de cette envergure. Ce n’est pas au Directeur de la CSTP d’éclairer notre lanterne aussi maladroitement, il revient au Ministère des Sports et à celui de l’Economie et des Finances de nous dire si oui ou non la procédure a été scrupuleusement suivie et que l’orthodoxie a été respectée.
Les communiqués outrés de Monsieur Mbaye Faye n’empêcheront pas de constater les faux rebonds qui parsèment ses explications sur sa pelouse du Stade Lat Dior. 
Dimanche 9 Avril 2017




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