Absence de statut de premières Dames au Sénégal : ces "intruses" de la République


Absence de statut de premières Dames au Sénégal : ces "intruses" de la République
De Senghor  à Macky Sall, le Sénégal a connu des premières dames : Colette Senghor, Elisabeth Diouf, Viviane Wade et Mareme  Faye Sall. Devenues premières dames, elles s’activent dans des fondations en l’absence d’un statut clairement défini. Dans le décret 2014-853 du 9 juillet 2014 portant répartition des services de l’Etat, il n’y a aucune référence par rapport à la Première dame. Des services de la Présidence de la République, la primature… aucune institution ne mentionne les fonds et attributions de la première dame.
 
Et pourtant les premières dames n’évoluent  pas dans un cadre juridique défini. « Il n’y a pas de statut pour la Première dame. C’est la coutume qui l’a consacrée. Dans tous les pays du monde, les épouses des chefs d’Etat créent  des fondations dont la vocation est d’intervenir dans le social», souligne d’emblée l’ancien Premier Ministre Souleymane Ndéné Ndiaye.
 
Abondant dans le même sens, Docteur El hadj Oumar Diop, enseignant à la faculté de Droit à l’UCAD ajoute «Rien n’est prévu pour le statut de la  Première dame. Il y a une coutume qui fait qu’elle  a un statut dans nos sociétés. Pour éviter qu’elle ne s’ennuie, on lui donne une fondation à travers laquelle elle fera du social. Objectivement, il n’y a rien dans les textes ».  

L’argument du vide juridique statutaire  de la première dame est partagé par l’ancien ministre d’Etat, ancien président du Conseil régional de Kaffrine  et actuel porte-parole du Parti démocratique sénégalais. « À ma connaissance, il n’existe aucun texte constitutionnel, législatif ou réglementaire qui accorde un statut particulier aux fondations et autres associations créées  par les épouses des chefs d’Etat du  Sénégal ».  Et d’ajouter : « si ce ne sont des dispositions législatives  et réglementaires communes aux organisations non gouvernementales qui régissent leur statut juridique, leur organisation et fonctionnement, leurs droits et obligations ainsi que leur mode de fonctionnement ».
 
Cette situation  confuse a obligé  le régime du Président Abdou Diouf à agir «en 1995 en clarifiant les notions d’associations non gouvernementales et fondations à cause de l’amalgame de tout ce qui a été fait sur cette forme d’organisation citoyenne».
 
Cependant, souligne Babacar Gaye, «en leur  qualité d’associations reconnues d’utilité publique, les associations peuvent recevoir des subventions, des dons et legs des personnes physiques ou morales,  publiques ou privées. C’est ainsi que les sociétés nationales et les établissements publics peuvent accorder une subvention aux fondations. Rien n’empêche au Président de la République d’apporter un concours financier à la fondation de la Première dame sur les fonds secrets ou fonds spéciaux appelés fonds politiques. Cela procède de son pouvoir discrétionnaire.» Il n’est pas  nécessaire de légiférer, ajoutera Dr El hadj Oumar Diop, car cela installerait la confusion. Et de poursuivre : « Dire que la Première  dame a un statut, c’est ouvrir des écarts. Car dans l’imaginaire collectif, il y a des dérives incontrôlées ».
 
COLLETE HUBERT SENGHOR, ELISABETH DIOUF, VIVIANE WADE ET MAREME FAYE SALL - QUATRE  STYLES
 
Quatre femmes, quatre destins différents, même si tout le monde s’accorde à dire qu’elles ont quelque chose en commun : leur séjour au palais. Collète Hubert Senghor, Elisabeth Diouf, Viviane Wade et Marème Faye Sall ont accompagné pendant de longues années leurs maris dans leur carrière politique.
 
COLLETE HUBERT SENGHOR, la référence


Elle a été une référence pour les femmes de son époque. Elle gardait une posture impeccable durant ses sorties avec son mari, président de la République. Elle soigne sa tenue vestimentaire et incarnait l’image d’un couple présidentiel qui a su faire la différence entre les normes de pouvoir et celles de la famille. Elle est l’incarnation d’une forme de tenue et de retenue. En un mot : la respectabilité. Cousine de l’ancien président Français Georges Pompidou, ami de classe de Senghor, Collète était effacée et ne s’immisçait pas dans les affaires de l’Etat. En 1981, elle voit le monde s’effondré sous ses pieds en apprenant la mort de son fils unique, Philippe Maguilen Senghor, décédé accidentellement à Dakar.
 
ELISABETH DIOUF, la discrète


Ils sont une infime partie des Sénégalais à entendre le timbre de la voix de la femme du président Diouf. Elisabeth Diouf s’est toujours gardée de se mêler de la vie politique de son mari. On ne l’entendait jamais. Ou presque ! A l’avant-garde du social, avec courage et tendresse, Elisabeth Diouf s’est engagée  dans un vaste programme d’aides aux couches les plus défavorisées. Ces proches reconnaissent sa générosité. Loyale envers son mari, Elisabeth Diouf comptabilise aujourd’hui 50 ans de mariage avec le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif). Comme d’ailleurs les autres Premières dames d’Afrique, Elisabeth Diouf a mis en place la  Fondation «Solidarité-Partage» pour venir en aide aux populations vulnérables.
 
Viviane Wade, l’activiste

Elle est devenue Première dame du Sénégal en 2000 aux lendemains de l’alternance qui a vu Abdoulaye Wade accéder à la présidence de la République. Viviane Wade a été une des artisans du combat politique que menait son mari lorsqu’il était dans l’opposition. Symbole d’une résistance, la mère de Karim et de Sindièly Wade a multiplié des actions envers les filles  défavorisées de la banlieue dakaroise. Son fils emprisonné, elle multiplie ses sorties en soulignant que Karim Wade est victime de son ambition pour le Sénégal. Il est victime d’un acharnement. Pourtant, elle a été accusée à tort ou à raison d’être l’inspiratrice du projet de dévolution monarchique du pouvoir.
 
Marème Faye, La «Sénégalaise »

Marème Faye Faye devient la quatrième dame du Palais, au soir du 25 mars 2012, avec la victoire de son époux, Macky Sall. L’histoire retiendra qu’il est le premier chef d’Etat sénégalais né après les indépendances, tout comme sa femme, Marième Faye, une première dame bien au fait des réalités socio-culturelles de son pays. Mère de trois enfants dont deux garçons et une fille, Mme Sall a connu son mari à Diourbel en 1991 par le canal de son professeur en électrotechnique, M. Talla. Titulaire d’un baccalauréat technique, elle consacre son temps et son énergie à sa famille.  « Macky est un sentimental, lorsque c’est difficile, qu’un dossier est très compliqué, je demande qu’on me transfère les dossiers, mon mari est sentimental et sensible, faut pas lui donner les dossiers lourds », confie-t-elle au journaliste de l’Express.
 


Sud Quotidien
Jeudi 24 Juillet 2014




1.Posté par opinion le 25/07/2014 02:10
« Macky est un sentimental, lorsque c’est difficile, qu’un dossier est très compliqué, je demande qu’on me transfère les dossiers, mon mari est sentimental et sensible, faut pas lui donner les dossiers lourds »



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