Abdou Karim Sall, Dg de l'ARTP répond à Me Ousmane Sèye : " Cet avocat, qui n'honore pas sa corporation, est mal placé pour demander au Président de démissionner en 2017 (...) N'est-ce pas ce même avocat qui plaidait un 3 ème mandat pour Wade?"

Dakaractu : Voulez-vous nous dresser un bilan d'étape, quelques mois après votre nomination à la tête de l'Artp?

 

Abdou Karim Sall : Je vous remercie pour l'opportunité que vous m'offrez de m'exprimer. Mais, vous conviendrez avec moi que c'est encore prématuré de dresser un bilan. Je dois d'emblée dire que j'ai été particulièrement touché  par l'accueil chaleureux qui m'a été réservé par l'ensemble du personnel de l'Artp, que je remercie au passage, notamment pour leur abnégation.  Cela dit, je rends grâce à Dieu et à son prophète Mohamed (Psl). Je ne saurais vraiment trouver les mots justes pour remercier mon leader,  le Président Macky Sall de cette confiance en ma modeste personne. Inchallah, je ferai des pieds et des mains pour mériter cette confiance. 

 

Depuis mon installation, je m'attelle à un état des lieux. Parallèlement, j'esquisse avec mes collaborateurs des objectifs qui tournent essentiellement autour du renforcement de la qualité des prestations de service à l'Artp. En un mot comme en mille, je me suis fixé comme objectif que la qualité des services de télécom soit enfin une réalité au Sénégal. Pour votre gouverne, je vous citerai quelques  unes de nos priorités : d'abord le secteur postal qui doit être pris en charge. J'ai d'ailleurs été chez le directeur général de la Poste pour une prise de contact. Une visite qui entre dans le cadre d'une série de prises de contact avec les opérateurs du secteur des télécom. Pour le chantier de la Poste, je m'étais déjà engagé lors de ma prise de fonction à encore développer ce secteur. Dans cette optique, je citerais quelques chantiers prioritaires, notamment le plan d'adressage, la mise sur pied d'un observatoire du marché postal, mais également l'assainissement dudit secteur.
 

 Dakaractu : Lors de votre prise de fonction, vous aviez également promis d'aller en croisade contre les fraudeurs notamment sur les appels téléphoniques. Où en êtes-vous? 

 

Abdou Karim Sall : Vous conviendrez avec moi que la fraude téléphonique n'en demeure pas moins un crime. La fraude sur les appels téléphoniques reste très nocif pour l'économie du pays.Je vous le confirme : l'Artp entend lutter de manière efficace, je veux dire agir sans tambour ni trompette, mais sans ménagement contre les fraudeurs. Malheureusement, je ne vais pas dévoiler la stratégie contre ces fraudeurs. Si je vous révèle ce que nous comptons faire, ils auront ainsi la possibilité de contourner ces mécanismes mis en place et ce serait donc peine perdue. Ce qui est constant, c'est que nous allons bel et bien mettre sur orbite une brigade de surveillance contre la fraude. L'Artp est doté d'une personnalité juridique et croyez moi, nos ressources internes entre autres moyens légaux seront mises à contribution aux fins de lutter farouchement contre ces délinquants. Nous comptons nous outiller.  En somme, nous entendons densifier le contrôle de concert avec les différents opérateurs de la place. L'objectif est d'avoir plus d'efficacité et de réactivité dans ce domaine. 

Dans la foulée, l'Artp entend veiller sur le respect des règles d'une concurrence saine et loyale dans le secteur des télécom. Bref, nous avons pour mission de travailler au développement du secteur, de l'économie numérique de façon générale. Aussi l'Artp sera t-il présent dans la coopération internationale...

 

 Dakaractu : Venons-en à la politique. Aujourd'hui les élections locales sont derrière nous, en tant que responsable politique de l'Apr, quelle lecture avez-vous de ces joutes?

 

Abdou Karim Sall : Contrairement à ce que d'aucuns pensent, j'apprécie les résultats obtenus par l'Apr de manière globale. Je m'explique : vous n'êtes pas sans savoir que l'Apr est un parti qui vient de naître, mais qui grandit. Il ne pas oublier que c'est pour la première fois que nous participons aux locales sous la bannière Apr. Les résultats ont fini de démontrer que l'Apr est une formation en forte croissance; les Sénégalais ont souscrit aux idéaux du Président Macky Sall. Certes, il y a eu des aspects positifs, mais cela n'occulte pas -et je le dis en tant que responsable de la banlieue- les difficultés. Il faut quand même reconnaître que nous avons enregistré des faiblesses, par exemple au niveau du département de Pikine, bien que nous avons gagné 6 communes. Nous avons engrangé beaucoup de conseillers devant un parti comme le Pds et je puis vous assurer que nous faisons l'impossible pour que le prochain maire soit issu de notre parti. Nous avons les yeux rivés sur les échéances futures, à savoir la réélection du Président Macky Sall. Je ne vais pas terminer sans évoquer les résultats obtenus à M'bao où nous étions coalisés avec Bby avec bien entendu comme seule pièce maîtresse, l'Apr.  Nous avons eu une différence de 100 voix. Mais, nous en avons tiré les enseignements. Nous sommes prêts maintenant et entendons utiliser toute l'expérience accumulée que nous comptons sortir de notre manche à bon escient. S'agissant toujours des locales, si on était à une élection Présidentielle, le président Macky Sall serait élu au premier tour. Dans un tout autre registre, pour une première, il y avait au bas mot 2700 listes. Ce qui relève de l'inédit! 

Dakaractu : Pas plus tard que mardi dernier, votre leader, je veux nommer le chef de file de l'Apr et Président de la République, a reçu la quasi totalité des cadres de l'Apr, vous y compris. Est-ce qu'on peut avoir la substance de vos échanges?

 

Abdou Karim Sall : Mais, la presse du moins une certaine presse est revenue sur ce "N'dogu" que vous traitiez "d'assez spécial". Il est vrai que cette rencontre a eu lieu dans un contexte assez particulier, c'est à dire quelques jours après les locales. Mais, il s'agissait juste d'une rencontre dans l'ordre normal des choses entre un chef de parti et ses seconds. Rien de plus! 

 

Dakaractu : Mais, il a été noté une absence de taille, en l'occurrence celle de Thierno Alassane Sall; lequel préside pourtant  aux destinées des cadres de votre parti. Au fait, pourquoi a t-il brillé par son absence? D'aucuns parlent de bouderie?

 

Abdou Karim Sall : Je dois à la vérité d'avouer que je n'ai pas d'éléments de réponse en ce qui concerne cette absence de Thierno Alassane. Il avait certainement un empêchement de dernière minute à moins qu'il ait voyagé. La rencontre a été empreinte de cordialité et le Président n'a pas manqué de dresser le bilan des locales. Il a fait un diagnostic sans complaisance, avant de nous revigorer pour affronter les échéances à venir, précisément la Présidentielle. Notre objectif reste de réélire le Président Macky Sall. 

 

Dakaractu : Ne pensez-vous pas que le fait que votre parti ne soit pas structuré vous a quelque part porté préjudice, notamment lors de ces élections locales?

 

Abdou Karim Sall : C'est tout à fait normal que dans un parti qui vient de naître, qui vient à peine d'être installé au pouvoir, cela suscite un choc des ambitions. Néanmoins, je crois savoir que notre leader va y remédier, et que le parti sera structuré. Quand ou comment? Je ne saurais le dire. Wait and see comme disent les anglais (rires).

Dakaractu : Venons-en à une question d'actualité brûlante : l'avocat  Me Ousmane Sèye a effectué récemment une sortie pour soutenir que la durée du mandat du Président Macky Sall n'est pas une question juridique, mais plutôt personnelle, morale et politique. Bref, Me Sèye pense que la seule alternative qui s'impose pour votre mentor est de rendre le tablier en 2017, au terme d'un mandat de 5 ans. Ainsi, le Pr Macky Sall se soumettra éventuellement aux suffrages des électeurs Sénégalais. Votre commentaire?

Abdou Karim Sall : Soyons sérieux, ne me parlez pas de cet avocat qui n'honore vraiment pas sa corporation. Les Sénégalais ne sont pas amnésiques. Nous n'avons vraiment pas la mémoire courte.  L'on se rappelle que c'est le même avec son bidule qu'il avait dénommé  "sentinelle bleue", qui plaidait partout et sur tous les plateaux des médias pour un troisième mandat pour Wade avec ses fameux  arguments juridiques. Celui- là doit vraiment se taire. A jamais devrais-je même dire. En réalité, il a beau poireauter autour du président espérant un poste, et las d'attendre, il est allé "soutenir" l'ex Pm. 

S'agissant de cette question, je crois qu'il importe de rappeler les propos du candidat Macky Sall, lequel a soutenu: "je demanderais, je ferais en sorte que le mandat soit ramené a 5 ans ". 

On n'est pas dans une situation où le Président démissionne. Ce n'est pas au Président de ramener à...; il y a des mécanismes pour ce faire.  

 

Dakaractu : Que vous inspire ce qu'il est convenu d'appeler le "cas Mimi Touré"?

 

Abdou Karim Sall : Je suis déçu et indigné. Pourquoi? Au moment de choisir un Pm, le Président de la République avait le choix sur plusieurs personnalités. Il a fini par jeter son dévolu sur elle. Mais, cela ne veut pas dire qu'elle doit ad vitam aeternam rester Pm. Les Sénégalais ont élu le Président Macky Sall et demain c'est à lui de rendre compte au commun des Sénégalais, notamment lorsqu'il voudra rempiler. Qui connaissait Mimi avant qu'elle ne soit promue par le Président Macky Sall. Ce denier faut-il le rappeler, a la prérogative de nommer qui il veut, quand il le veut et de le dégommer quand il le veut. Où est le problème? Pourquoi tout ce tollé, notamment de la part des "partisans" de la dame? Un état ne fonctionne pas comme cela. Ce qui est décevant n'en demeure pas moins que l'on tente de jeter le discrédit, de dramatiser après avoir perdu une responsabilité fut-elle celle de chef du gouvernement. 

 

Dakaractu : Et si elle quittait l'Apr comme d'aucuns, particulièrement ses inconditionnels  le lui conseillent?

 

Abdou Karim Sall : Écoutez, aucun militant ne souhaite la soustraction dans son parti, mais si toutefois elle quitte  comme vous le dites, ce ne serait pas une fin en soi, pas une grosse perte. Vous savez, les cimetières regorgent de gens qui se croyaient indispensables. 

 

Dakaractu : Quelle est votre appréciation sur le choix de Mahammed Dionne.

 

Abdou Karim Sall : C'est un choix judicieux qui nous rassure pour la bonne et simple raison que nous avons pratiqué l'actuel Pm. Mahammed Dionne a longtemps cheminé avec le Président Macky Sall. Nous avons bon espoir et en tout cas, je suis persuadé qu'il  portera le développement économique et social du Sénégal à travers le PSE notamment...