ATTRIBUTAIRE DU MARCHÉ POUR L’INFORMATISATION DES TRANSPORTS TERRESTRES SÉNÉGALAIS : Gemlato visé par le Pôle financier parisien pour corruption d’agents publics à l’étranger

L’attributaire provisoire du marché pour l’informatisation des transports terrestres sénégalais est visé, depuis début août 2016, pour corruption d’agents publics à l’étranger par le Pôle financier parisien. Des membres de la société civile gabonaise accusent en effet Gemalto de détournement de fonds commis avec la complicité de membres du régime Bongo.


Le pôle financier de Paris rôde autour du groupe Gemalto qui a été déclaré adjudicataire  dans des conditions décriées, du marché portant sur l’informatisation des transports terrestres sénégalais. Ce, pour la rondelette somme de 9,2 milliards de Fcfa.
Selon des informations sûres de Libération, le doyen des juges du Pôle financier de Paris a déclaré recevable la plainte avec constitution de partie civile déposée par plusieurs figures de la société civile gabonaise qui accusent Gemalto d’avoir procédé à un détournement de fonds massif en complicité avec des figures du clan Ali Bongo.
Dans la plainte, les membres de la société civile soupçonnent Gemalto d’avoir détourné avec la complicité de l’administration gabonaise une partie de la somme de 40 milliards de Fcfa qui devrait servir officiellement à la mise en place d’un fichier électoral biométrique. Si on sait que 1,5 millions de Gabonais ont été enregistrés, il se dégage effectivement de réels soupçons concernant l’utilisation de cette manne financière.
C’est fort de ces éléments que le doyen des juges a déclaré recevable la plainte déposée pour corruption d’agents publics étrangers.
En clair, Gemalto est soupçonné d’avoir sucré des membres de l’administration gabonaise. Il reste maintenant à savoir si le juge qui va être désigné pour piloter l’instruction va confirmer ou infirmer ces accusations après ses investigations.
Au Sénégal, Gemalto se trouve au cœur de la polémique.
Comme nous le révélions en exclusivité hier, l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) a suspendu l’attribution provisoire du marché portant sur la concession de la production et la gestion des titres de transports routiers biométriques sécurisés ainsi que la production et la pose de plaque d’immatriculation sécurisées. Ce marché avait été attribué au groupement Gemalto (chef de file)/Face Technologies pour 9,2 milliards de FCfa avec une redevance opérationnelle de 16. N’empêche, la procédure du marché piloté par le ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement a été dénoncée auprès de l’autorité contractante et devant l’ARMP par le groupement M2M group/Saelp/Sas/Tiger lt.
Selon des sources autorisées, l’instance de régulation a suspendu la procédure d’attribution provisoire le temps de voir le dossier dans le fond.
Pour rappel, en dehors de Gemalto/Face Technologies, il y avait les groupements M2M group/Saelp/Sas/Tiger It, Semlex/Garsu Pasaulis, Zetes Sa/Otm-Lp, Oberthur Technologies et, enfin, Quipus Sas qui avaient postulé pour le marché. Il était demandé aux soumissionnaires de formuler le montant de leur offre, de fournir une garantie de 337 millions de FCfa, d’indiquer leur banque mais surtout de communiquer un échantillon de plaques d’immatriculation et un spécimen.
Or, selon le procès-verbal obtenu par Libération, tous les soumissionnaires ont fourni, le 3 juin 2016, à 10 heures 30 minutes, au moment de l’ouverture des plis, un spécimen à l’exception de... Gemalto qui a été adjudicataire provisoire de la concession.
«Techniquement, personne ne peut émettre de doute sur le cahier des charges. C’est plutôt le fait que le groupement dirigé par Gemalto soit déclaré adjudicataire provisoire du marché qui soulève des interrogations», affirmait une source proche d’un des soumissionnaires recalés.
Mardi 23 Août 2016




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