70 ème session ordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies : Discours du président de la République Macky Sall


70 ème session ordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies : Discours du président de la République Macky Sall
Monsieur le Président de l’Assemblée générale,



Chers Collègues,



Mesdames, Messieurs les Chefs de délégations,



Monsieur le Secrétaire General,



Mesdames et Messieurs,



Monsieur le Président, le Sénégal, par ma voix, vous adresse ses chaleureuses  félicitations et ses meilleurs vœux dans la conduite des travaux de notre Session.

Nous remercions votre prédécesseur pour les services rendus à l’Assemblée générale.



Soixante dix ans après la création de notre Organisation, nous revenons sur les pas des pères fondateurs, pour renouveler notre foi collective dans les idéaux de paix, de sécurité, le développement et le respect des droits de l’homme.



Ces valeurs inspirent la mission première de l’Organisation : celle de préserver le monde du fléau de la guerre, de créer les conditions nécessaires au maintien de la justice, de favoriser le progrès social et d’instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande.



Soixante dix ans après, cette mission est devenue plus pesante, et notre monde plus complexe.



Soixante dix ans après, la paix, qui n’est pas seulement absence de guerre, mais aussi développement et sécurité humaine,  reste menacée par la pauvreté extrême, la faim, la maladie et la détérioration sans  précédent de l’environnement. Le Sénégal souhaite que le Sommet de Paris sur le climat soit couronné de succès, par des engagements contraignants pour contenir  le réchauffement climatique, mobiliser des ressources financières adéquates et des transferts de technologies écologiquement rationnelles.



D’autres défis nous interpellent ; car le monde peine encore à se débarrasser des masques hideux du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’extrémisme violent. Des êtres humains sont ciblés, rejetés et violentés, du seul fait de la couleur de leur peau, de leur croyance ou de leur appartenance sociale. Des travailleurs migrants sont discriminés et exclus des politiques publiques, alors même qu’ils contribuent, à la sueur de leur front, à la prospérité de leur pays d’accueil.



La tragédie de la guerre ne peut laisser aucun pays indifférent. En tant que terre d’accueil et d’hospitalité, le Sénégal lance un appel à plus d’ouverture et de générosité à l’endroit des personnes forcées de quitter leurs pays pour sauver leur vie.



Certes, nos défis sont nombreux et pressants. Pour autant, la promesse d’un monde meilleur est toujours à notre portée. Mais nous la réaliserons en acceptant que le monde est pluriel ; que toutes les cultures et toutes les civilisations sont d’égale dignité ; et que le changement est la principale dynamique qui façonne la marche de l’histoire.



Au fil des ans, 142 pays ont rejoint, dans cette même enceinte, les 51 membres fondateurs de l’Organisation.



Par la richesse de leur apport et la diversité de leurs besoins, les Etats membres confèrent au système des Nations Unies un niveau d’universalité jamais égalé.



Le monde de 2015 n’est donc pas celui de 1945. Et si nous voulons tenir les promesses de la Charte, nous ne pouvons plus faire les choses comme avant.



Le bon sens commande que nous changions notre vision du présent et du futur. C’est à ce prix que notre Organisation restera fidèle à sa vocation de centre unique où s’harmonisent nos efforts vers nos fins communes.



Il y a du sens à élargir la composition du Conseil de Sécurité, pour qu’il reflète les nouvelles réalités que nous représentons tous ici. Le Sénégal, candidat cette année à un poste de membre non permanent du Conseil, réaffirme son attachement à la position africaine commune sur la réforme du Conseil, conformément au consensus d’Ezulwini.



Il y a du sens à réformer la gouvernance économique et financière mondiale, par une représentation plus équitable des réalités nouvelles et l’assouplissement des règles d’accès au crédit, pour mettre fin au « paradoxe des ressources disponibles, mais non accessibles ».



Il y a du sens à établir, en même temps que la transparence dans les industries extractives, des codes et contrats miniers plus justes et plus équitables, qui rémunèrent et protègent l’investisseur, et préservent les intérêts des Etats et des populations locales.



Il y a du sens à lutter de manière plus vigoureuse contre les flux financiers illicites, qui font perdre à l’Afrique  entre 30 à 60 milliards de dollars par an ; soit un préjudice supérieur au montant  de l’aide publique au développement.



Si l’Afrique percevait la juste rémunération de ses ressources, et si elle recouvrait seulement l’équivalent de 17% de ses avoirs frauduleusement placés à l’étranger, elle pourrait solder la totalité de sa dette et financer, par elle-même, ses besoins de développement.



Monsieur le Président,



En tant que Président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, je suis heureux de dire ici que notre sous-région est constante dans ses progrès : la croissance économique y reste supérieure à la moyenne mondiale et l’expérience démocratique se consolide.



Nous sommes tout aussi déterminés à poursuivre nos efforts de paix et de stabilité.



Je renouvelle l’attachement sans faille de la CEDEAO à l’Accord de paix au Mali, dans le respect de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du pays, à une transition réussie au Burkina Faso et à la stabilité institutionnelle de la Guinée Bissau.



De même, la CEDEAO est solidaire de la République sœur du Nigeria et des autres pays engagés dans la lutte contre les terroristes de Boko Haram. 



Nous continuerons aussi de travailler ensemble à l’éradication des derniers signes de résistance de la maladie à virus Ebola dans les trois pays affectés.



Au titre de la Présidence du Groupe d’Oslo sur « Politique étrangère et Santé mondiale », le Sénégal engagera, au cours de la présente session, les consultations pour tirer les leçons de cette crise sanitaire.



Monsieur le Président,



En poursuivant notre marche sur la voie de la paix, œuvrons à une solution globale, juste et durable du conflit israélo palestinien, selon la vision promise de deux Etats indépendants, vivant en paix, chacun à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues.



Partout dans le monde, la paix est notre bien commun. Elle forme, avec la démocratie, les droits de l’homme et la diversité culturelle, le corpus des valeurs de la Francophonie dont le Sénégal assure la Présidence en exercice.

Son attachement à ces idéaux fait du Sénégal le 7ème des 128 pays contributeurs de troupes, avec plus de 3.600 éléments déployés dans 8 missions.



L’année dernière, le Conseil de Sécurité a créé une Médaille à la mémoire de mon compatriote, feu le capitaine Mbaye Diagne, pour honorer les hommes et femmes qui, au service de la paix, ont fait montre d’un courage exceptionnel. 

Membre de la Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda, le capitaine Diagne, a perdu la vie le 31 mai 1994, dans l’explosion d’un obus, alors qu’il rentrait d’une de ses fréquentes missions de sauvetage sur le terrain.



Il avait juste 36 ans, et s’apprêtait à  rentrer dans son pays. Le Sénégal et sa famille sont fiers que sa mémoire soit ainsi honorée.

« Nit, nit ay garabam » (l’homme est le remède de l’homme), dit une sagesse sénégalaise pour exalter le sens de la solidarité et de la fraternité humaine.

Puisse l’esprit du Capitaine Mbaye Diagne inspirer notre marche commune vers un monde meilleur, un monde de paix, plus juste et plus accueillant pour tous.

Je vous remercie de votre aimable attention.
Mardi 29 Septembre 2015




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