2 MILLIARDS DE PERSONNES NE POSSÈDENT PAS DE COMPTE BANCAIRE

Retirer du cash, faire un virement, constituer une épargne : pour 38 % de l’humanité, soit 2 milliards de personnes, ces opérations de la vie courante sont hors d’accès. Cependant, l’apparition de nouvelles formes de services bancaires, via Internet et les téléphones portables, a nettement fait progresser l’inclusion bancaire. Depuis 2010, 700 millions de personnes ont ouvert un compte.


2 MILLIARDS DE PERSONNES NE POSSÈDENT PAS DE COMPTE BANCAIRE
« En Belgique, les salaires doivent obligatoirement être versés sur un compte bancaire, rappelle Olivier Jérusalem, chercheur au Réseau Financité. La loi précise que les banques doivent fournir à tout le monde un service de base qui comprend un compte à vue permettant de retirer du cash et de faire des virements, ainsi qu’un compte d’épargne. Une directive européenne étend le droit à un service bancaire de base à tous les pays de l’Union. Pour l’instant, cette directive n’a pas été intégrée dans toutes les législations, mais le mouvement est en cours. »

Dans les pays industrialisés du Nord, pratiquement tout le monde possède donc un compte en banque. Même les sans domicile fixe peuvent, en vertu d’un accord passé entre les pouvoirs publics et l’ancienne banque Dexia devenue Belfius, ouvrir un compte qui sera domicilié à l’adresse de leur CPAS. Toutefois, le service bancaire minimum ne comprend pas la détention d’un chéquier ou l’accès automatique à un crédit sur son compte à vue. En France, où le chéquier est resté populaire, quelque deux millions de personnes qui ont, intentionnellement ou par inadvertance, émis un chèque sans provision, sont ainsi inscrites au Fichier central des chèques. Ces « interdits bancaires », comme on les nomme, n’ont accès ni à un crédit, ni à un chéquier, mais continuent de disposer librement de leur compte en banque tant que celui-ci est approvisionné.

PAYEMENTS PAR SMS

Au Sud, par contre, l’accès à des services financiers est réservé aux populations urbaines et à une petite élite rurale. Ainsi, en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient et en Asie du Sud, moins de 20 % des adultes seulement détiennent un compte en banque.

« Dans certaines régions, en Afrique anglophone en particulier, à défaut de banques, le payement par téléphonie mobile connaît un véritable boom », observe Marc Mees, responsable de la gestion des connaissances à SOS Faim. Le principe du payement par téléphone est simple : la personne créditée reçoit un SMS codé qu’elle va montrer à un commerçant affilié au système et qui lui remet du cash.

Selon la Banque mondiale, 12 % de la population d’Afrique subsaharienne, soit environ 64 millions d’utilisateurs, ont ainsi recours au téléphone pour faire leurs payements (alors que la moyenne mondiale est d’environ 2 %). 
« L’accès à un service financier même rudimentaire facilite les payements et l’accès au microcrédit, poursuit Marc Mees. Aussi l’inclusion bancaire est-elle une bonne chose. Cependant, une partie de la population reste irrémédiablement exclue des services financiers, surtout dans l’accès au crédit. Un commerçant ou un fabricant de charbon de bois trouveront facilement un financement. Mais un paysan aura du mal à décrocher un crédit pour acheter des semences ou des outils. » C’est un comble pour une activité qui emploie 1,4 milliard de personnes et nourrit 70 % de l’humanité. « L’agriculture vivrière est financièrement risquée, peu rentable et peu susceptible de rembourser les intérêts pratiqués dans le microcrédit qui sont de l’ordre de 22 % à 27 %. Pour l’agriculture il faut donc trouver des solutions qui ne passent pas par un système bancaire, mais par les pouvoirs publics qui peuvent accorder des crédits meilleur marché ou intervenir en distribuant des subventions. »
Lundi 30 Mai 2016




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